Les citoyens de Côte d’Ivoire se sont rendus aux urnes samedi alors même que certains partisans de l’opposition ont tenté de perturber le vote, répondant à l’appel au boycott lancé par deux candidats rivaux du président Alassane Ouattara pour sa candidature à un troisième mandat.
Les rues de la capitale commerciale Abidjan étaient calmes et largement vides, contrairement à la période parfois violente qui a précédé l’élection. Le vote est considéré comme un test de stabilité pour la Côte d’Ivoire, qui est le premier producteur mondial de cacao et dont l’économie connaît l’une des croissances les plus rapides d’Afrique.
Le vote s’est déroulé sans heurts, avec des files d’attente ordonnées dans les bureaux de vote de plusieurs districts, selon des témoins de Reuters.
Mais dans le quartier de Blockhauss, une vingtaine de jeunes hommes ont bloqué l’entrée d’une école, empêchant les électeurs potentiels d’entrer jusqu’à ce que la police disperse le groupe.
« C’est de la désobéissance civile », a déclaré Bienvenue Beagre, 31 ans, l’un des jeunes qui a tenté d’entraver le vote. « Il a fait deux mandats et doit partir. »
Il n’a pas été possible de savoir immédiatement si un nombre important de personnes ne participaient pas au vote ou comment l’appel au boycott se déroulait dans le reste du pays.
Les affrontements de rue liés aux élections ont fait 30 morts depuis le mois d’août et ont rappelé des souvenirs de l’élection de 2010, remportée par Ouattara mais qui a déclenché une brève guerre civile qui a fait 3 000 morts lorsque son prédécesseur Laurent Gbagbo a refusé de se retirer.
Les récentes violences ont opposé les partisans du président de 78 ans à ceux de ses opposants. Les critiques de M. Ouattara disent qu’il enfreint la loi en se présentant à nouveau parce que la constitution limite les présidents à deux mandats et met en péril les gains économiques durement gagnés par le pays.
M. Ouattara affirme qu’il peut se représenter en vertu d’une nouvelle constitution approuvée en 2016, et ce uniquement parce que son successeur trié sur le volet est mort subitement en juillet. On estime qu’il a de bonnes chances de gagner.
Les deux principaux rivaux de M. Ouattara, l’ancien président Henri Konan Bedie et l’ancien premier ministre Pascal Affi N’Guessan, ont appelé au boycott des élections. Affi N’Guessan a demandé à ses partisans de bloquer les bureaux de vote.
Le gouvernement a déclaré avoir déployé 35 000 soldats et policiers pour le jour du scrutin.
Les critiques considèrent la candidature de M. Ouattara comme un nouveau coup porté à la démocratie ouest-africaine suite à un coup d’État militaire au Mali en août et à la candidature du président guinéen Alpha Condé pour un troisième mandat ce mois-ci.