Au moins 16 personnes ont été tuées depuis que des émeutes ont éclaté en août après que le président Alassane Ouattara a déclaré qu’il se représenterait à la suite du décès soudain de son successeur préféré.
Au moins deux personnes ont été tuées lors du vote de samedi.
Plusieurs bureaux de vote ont été saccagés dans les bastions de l’opposition et le matériel électoral a été brûlé.
Dans la ville de Daoukro, à l’est du pays, les manifestants ont érigé des barrages routiers. Pendant ce temps, des gaz lacrymogènes ont été utilisés pour repousser les manifestants qui se sont rassemblés près de l’endroit où le président a déposé son bulletin de vote dans la ville principale, Abidjan.
Au moins deux observateurs du groupe électoral indépendant Indigo Côte d’Ivoire ont été attaqués, rapporte le Washington Post. Le Washington Post cite le groupe comme ayant déclaré que 21% des bureaux de vote n’avaient pas encore ouvert pendant la journée.
Mais le chef de la commission électorale a qualifié les troubles de samedi de « minimes », affirmant qu’ils « n’ont touché que 50 bureaux de vote sur 22 381 ».
Quelque 35 000 agents de sécurité ont été déployés dans tout le pays pour transporter le matériel électoral et assurer la sécurité, a déclaré le ministre de la sécurité.
Avant le scrutin, les principaux candidats de l’opposition ivoirienne, Pascal Affi N’Guessan et Henri Konan Bédié, ont déclaré qu’il était illégal pour M. Ouattara de se présenter pour un troisième mandat, car cela violait la limite constitutionnelle des mandats. Ils ont boycotté le vote de samedi et appelé à la désobéissance civile.
Plusieurs personnalités de l’opposition ont déjà qualifié l’élection présidentielle d’échec – dont M. N’Guessan qui a donné une conférence de presse au domicile de M. Bédié : « Le coup d’Etat électoral est un échec. Le peuple ivoirien a réussi à arrêter cette élection ».
Après le vote à Abidjan samedi dernier, M. Ouattara a appelé à la fin des manifestations.
« J’appelle ceux qui ont appelé à la désobéissance civile, qui a entraîné des pertes en vies humaines, à cesser », a-t-il déclaré.
« Ils devraient s’arrêter parce que la Côte d’Ivoire a besoin de paix, ce sont des actes criminels et nous espérons que tout cela pourra cesser, afin qu’après les élections, ce pays puisse continuer sur la voie du progrès, dont il a bénéficié ces dernières années ».
Pourquoi est-ce si controversé ?
Selon la constitution, la Côte d’Ivoire a une limite de deux mandats présidentiels. M. Ouattara – qui a été élu deux fois – a d’abord dit qu’il se retirerait.
Mais, en juillet, le précédent candidat du parti au pouvoir à la présidence, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, est mort d’une crise cardiaque.
M. Ouattara a ensuite annoncé qu’il se présenterait finalement à la présidence.
Ses partisans ont fait valoir qu’un changement constitutionnel en 2016 remettait les pendules à l’heure et que son premier mandat ne comptait pas.
Ses adversaires ne partagent pas ce point de vue, arguant plutôt qu’il est illégal pour M. Ouattara de se présenter pour un troisième mandat.
Quel est le contexte de cette tension ?
Il y a eu une querelle qui dure depuis des décennies entre certaines des principales personnalités politiques du pays.
En 2010, Laurent Gbagbo, qui était président à l’époque, a refusé de céder à M. Ouattara après l’élection de cette année-là. Cela a déclenché une guerre civile amère.
Plus de 3 000 personnes ont été tuées au cours des cinq mois de violence.
M. Gbagbo s’est également présenté aux élections de cette année, mais la commission électorale l’a bloqué parce qu’il avait été condamné par les tribunaux ivoiriens.
Il était l’un des près de 40 candidats potentiels qui ont été rejetés par la commission.
Qui sont les quatre candidats à l’élection présidentielle ?
- Alassane Ouattara, 78 ans, économiste. Il est devenu président en 2011, pour son deuxième mandat après des années passées dans l’opposition. Parti : Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP)
- Henri Konan Bédié, 86 ans, homme politique de carrière. A été président entre 1993 et 1999, déposé lors d’un coup d’État. Parti : Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PCDI)
- Pascal Affi N’Guessan, 67 ans, homme politique de carrière. A été premier ministre entre 2000 et 2003 sous la présidence de Laurent Gbagbo. Parti : Front populaire ivoirien (FPI)
- Kouadio Konan Bertin, 51 ans, homme politique de carrière, connu sous le nom de KKB, était autrefois le leader de la jeunesse de l’ancien Parti démocratique de Côte d’Ivoire au pouvoir, est aujourd’hui député. Candidat indépendant