Etoile montante du parti démocrate, la Californienne de 56 ans sera la première femme de l’histoire à occuper la vice-présidence, après la victoire de Joe Biden contre Donald Trump.
Alors que Joe Biden s’empare de la plus haute fonction des Etats-Unis, c’est aussi la consécration d’une carrière hors normes pour sa Vice-Présidente Kamala Harris. Cette ancienne procureure et fille d’immigrés est la première femme à accéder à cette fonction.
D’abord vive opposante à Joe Biden lors des primaires démocrates, elle lui a finalement apporté de la crédibilité auprès de certains électorats, en particulier les Afro-Américains.
À 56 ans, la dynamique et pugnace sénatrice de Californie a permis à Joe Biden, 77 ans, d’engranger les voix d’un électorat plus divers qui avait soif de se voir mieux représenté au sommet du pouvoir. À tel point que certains électeurs disaient voter non pas pour Joe Biden mais pour elle, la fille d’un père jamaïcain et d’une mère indienne.
Pendant la campagne, celle-ci a appelé sans relâche à une mobilisation historique des femmes et des minorités, en dénonçant les tentatives d’entraver le scrutin dans des États républicains.
« Pourquoi croyez-vous que tant de gens puissants (…) essayent de vous empêcher de voter », a-t-elle demandé en Géorgie, l’un des Etats cés de l’élection. « Ils connaissent votre pouvoir », a-t-elle répondu.
« Ne laissez personne vous mettre hors-jeu. » Arborant toujours un masque contre le coronavirus et respectant les distances de précaution comme Joe Biden, elle a mené une campagne plus active que le septuagénaire, dansant au rythme des fanfares ou s’entretenant avec les clients de cafés… en extérieur, pandémie oblige.
Elle a aussi rencontré à Milwaukee la famille de Jacob Blake, un homme noir grièvement blessé par la police, en pleine vague de colère historique contre le racisme aux États-Unis.
Ex-adversaire de Joe Biden
Pour 2020, l’ex-procureure générale de Californie (2011-2017), première femme à avoir obtenu ce poste et réputée pour sa dureté, avait visé le bureau ovale à Washington. Lors de la campagne des primaires démocrates, elle avait d’ailleurs attaqué vivement Joe Biden, en particulier sur ses positions passées concernant les politiques de déségrégation raciale dans les années 1970.
Elle est finalement devenue une puissante alliée. Face à Mike Pence, dans le seul débat des vice-présidents, elle avait attaqué à de multiples reprises la gestion par l’exécutif de la crise du coronavirus, qu’elle a qualifiée de « plus gros échec de toute administration présidentielle dans l’histoire » du pays.
Le lendemain, Donald Trump l’avait traitée de « monstre » qui ne dit que « des mensonges ». Il n’a de cesse de mettre en garde contre ses opinions, qui feront, selon lui, plonger l’Amérique dans un « socialisme » honni.
Enfant de la mondialisation
Kamala Harris est née à Oakland en 1964 d’un père jamaïcain, économiste à la prestigieuse université de Stanford, et d’une mère indienne, une biologiste et oncologue de renom. Ses parents se sont rencontrés sur le campus de Berkeley et se séparent quand Kamala Harris a sept ans.
Pendant son enfance, Kamala Harris a vécu à Montréal pendant cinq ans, où sa mère avait obtenu un poste dans un hôpital de la ville et à l’université McGill. La jeune américaine a ainsi suivi un cursus dans une école francophone, avant de poursuivre sa scolarité dans un établissement anglophone (Westmount High School).
A l’âge de 13 ans, Kamala et sa soeur cadette, Maya, ont organisé une manifestation devant leur immeuble pour protester contre une loi interdisant aux enfants de jouer dans l’herbe. Les deux gamines ont obtenu gain de cause.
Elève brillante, Kamala Harris a étudié la science politique à l’université Howard, le « Harvard des Noirs » situé à Washington , puis a suivi des études à l’école de droit Hastings de l’université de Californie. De quoi lui donner une bonne connaissance des deux côtes des Etats-Unis.
A la fin de ses études, Kamala Harris intègre le barreau de Californie en 1990. Le début d’une ascension rapide, qui la conduira au comté d’Almeida, puis à la cour d’appel de l’assurance chômage de Californie. En 2010, elle est élue procureure générale de cet Etat et est réélue en 2014 pour un second mandat. Kamala Harris a la réputation d’être ferme contre le crime.