Mercredi, les forces de sécurité ont affronté des dizaines de jeunes, frappant les manifestants en fuite avec des matraques.
En Angola, des manifestations contre le gouvernement se succèdent depuis plusieurs semaines à Luanda, constate l’Agence France-Presse (AFP). Les contestataires, appuyés par l’Unita, le principal parti d’opposition, dénoncent le taux élevé de chômage, le coût de la vie et la corruption étatique. Ils demandent également la tenue d’élections locales, reportées à cause de la pandémie due au coronavirus.
Récemment, la dernière contestation avait été violemment réprimée par la police antiémeute. Elle avait arrêté plus de 100 personnes, apprend-on. Par la suite, l’opposition avait appelé à une nouvelle manifestation mercredi, jour de la fête de l’Indépendance. Mais elle avait été interdite par les autorités locales, prétextant les restrictions liées à la pandémie.
Ce même jour, les forces de sécurité ont affronté des dizaines de jeunes, frappant les manifestants en fuite avec des matraques. Une vidéo montrant un manifestant décédé a été diffusée sur les réseaux sociaux : « L’Angola utilise du gaz lacrymogène pour disperser des manifestants pacifiques », a déploré Zenaida Machado, de l’ONG Human Rights Watch.
Un pays miné par la corruption
Les contestations étaient plutôt rares lorsque l’actuel président, Joao Lourenço, a succédé à José Eduardo dos Santos. Suscitant l’espoir d’un changement après des décennies de corruption et de népotisme. Mais la déception a grossi ces derniers mois contre le gouvernement, jugé incapable de se débarrasser de la corruption et de relancer l’économie.
Le mois dernier, un sondage publié par la société de renseignement économique EXX Africa montrait que les deux tiers des Angolais étaient insatisfaits de leur gouvernement. Egalement pessimistes à propos de leur avenir dans le pays.
Plus de 70 % des personnes interrogées disaient aussi ne pas se sentir en sécurité. Elles s’inquiétaient des violences policières grandissantes. Mardi, l’ONG Amnesty International a appelé les autorités angolaises à respecter « la liberté d’expression et de réunion pacifique ».