Les organisations humanitaires au Cameroun ont lancé un programme visant à réunir avec leurs familles les enfants de plus en plus nombreux qui ont fui le conflit de Boko Haram et la crise séparatiste dans les régions anglophones.
Les groupes affirment que l’effort a été lancé après que le nombre de ces enfants soit passé d’environ 10 000 à 25 000 dans les grandes villes en trois mois. Parmi les enfants qui sont prêts à retourner dans leur famille, on trouve des adolescents qui ont fui les difficultés économiques causées par la propagation de COVID-19.
Trois officiers de police conduisent dix représentants d’organisations humanitaires dans la capitale du Cameroun, Yaoundé, où vivent des enfants séparés de leur famille. Alain, 11 ans, est l’un des 15 enfants qui ont accepté de quitter la rue.
Alain affirme que la faim et les mauvais traitements infligés par son père étaient insupportables. En juillet, lui et son frère se sont échappés de leur maison de Batouri, à la frontière orientale du Cameroun avec la République centrafricaine, pour se rendre à Yaoundé. Alain dit qu’il retournera au domicile familial lorsqu’il sera sûr de recevoir de la nourriture et une éducation.
La ministre camerounaise de l’émancipation des femmes et de la famille, Marie Theres Abena Ondoua, déclare qu’Alain est l’un des milliers d’enfants qui ont fui leur foyer en raison des difficultés économiques causées par COVID-19.
Selon elle, de nombreux parents ont perdu leur emploi, se sont appauvris et n’ont pas pu subvenir aux besoins de leur famille en raison de la crise économique qui a suivi la déclaration des premiers cas de COVID-19 au Cameroun le 5 mars dernier. Ondoua explique que de nombreux enfants qui ont dû rester à la maison en raison des mesures prises par le gouvernement pour arrêter la propagation de COVID-19 ont fui vers les villes à la recherche de nourriture et de meilleures conditions de vie.
Ondoua a déclaré que les enfants vivant dans les rues à la suite de COVID-19 s’ajoutent à ceux qui fuient le terrorisme de Boko Haram à la frontière nord du Cameroun avec le Nigeria. D’autres enfants des rues ont fui la crise séparatiste dans les régions anglophones de l’ouest du pays bilingue à majorité française.
Erasmus, 14 ans, dit s’être échappé de la ville anglophone de Jakiri, dans le nord-ouest du pays, en septembre. Il dit que des combattants ont attaqué sa famille pour avoir violé les instructions séparatistes selon lesquelles personne ne devait aller à l’école.
« Mon oncle est mort avant que je ne trouve le chemin de la sortie de Jakiri », a déclaré Erasmus. « Je dis à ma mère que je reviendrai et que je suis toujours en vie. Je ne suis pas mort. Peut-être qu’elle pensera que je suis mort, mais je ne suis pas mort. Je suis toujours en vie ».
Le Cameroun a commencé à rassembler les enfants des rues en avril. Le pays a trouvé 10 000 enfants des rues à Yaoundé et dans le centre économique, Douala.
Le Cameroun affirme que le nombre d’enfants des rues est passé à 25 000 au cours des trois derniers mois. Les combattants ont multiplié les attaques contre les écoles anglaises qui ont défié les instructions séparatistes et ont ouvert leurs portes à la rentrée scolaire 2020-2021 en septembre et COVID-19 a fait fermer leurs commerces ou mettre au chômage un nombre inconnu de personnes.
August Ewudu, du programme de la Croix-Rouge camerounaise visant à rétablir les liens familiaux, déclare vouloir réunir au moins 10 000 enfants avec leur famille avant la fin de l’année.
Il demande aux communautés de diriger tous les enfants qui ont fui les crises vers n’importe quel membre du personnel ou bureau de la Croix-Rouge. Il indique que les personnes à la recherche de membres de leur famille déplacés par les crises auxquelles le Cameroun est confronté devraient contacter leur bureau local de la Croix-Rouge.
M. Ewudu a indiqué que des listes d’enfants qui ne peuvent pas retrouver leurs parents sont disponibles dans les bureaux de la Croix-Rouge.
Le gouvernement camerounais et les organisations humanitaires supplient également les cirizens concernés de s’occuper des enfants dans le besoin au cas où il serait impossible de retrouver les membres de leur famille.
Le gouvernement affirme qu’il donnera soit une éducation soit une formation professionnelle aux enfants qui refusent d’être réunis avec leur famille.