Ce 1er décembre marque les trente ans de la chute de l’ancien président tchadien Hissène Habré. Par conséquent, le début d’exercice d’Idriss Déby à la magistrature suprême. Il y a accédé par un coup d’Etat. Trente-ans, plus tard, son régime est vigoureusement critiqué. Surtout au plan institutionnel.
Le Tchad commémore ce mardi 1er décembre 1990, les 30 ans d’accession d’Idriss Déby à la magistrature suprême. Ce jour-là, à la tête du Mouvement patriotique du salut, Idriss Déby s’empare de Ndjamena, une capitale abandonnée par son prédécesseur Hissène Habré dont les troupes ont été défaites par celles du MPS.
Il troque son treillis pour un costume politique et devient le 4 décembre président du Conseil d’État. Hissène Habré, lui, se réfugie au Sénégal. Depuis cette ère, l’espoir naquit à nouveau dans les esprits des Tchadiens. Eux qui espéraient vivre la liberté et la démocratie à eux promises par Idriss Déby. Trente- ans plus tard, c’est la désolation.
Zéro démocratie au Tchad
L’avocate tchadienne Jacqueline Moudéina, qui a défendu les victimes de l’ancien président est revenue sur le parcours du Tchad n’a pas caché son indignation. En direct sur RFI, elle déclare : « « On ne peut même pas parler de démocratie au Tchad ».
Elle poursuit : « Tout bêtement, j’ai cru aux deux mots qui sont sortis de la bouche du président de la République qui disait qu’il n’apportait ni or, ni argent, qu’il apportait que la liberté et la démocratie aux Tchadiens. Mais très vite, j’ai déchanté ».
L’opposition dénonce à l’inverse une myriade de modifications institutionnelles, de nature à compromettre le jeu démocratique : suppression de la primature, du Conseil constitutionnel et de la Haute Cour de Justice.
« De tripatouillages en modifications, on a vidé la Constitution de sa substance. On a enlevé le Sénat, la décentralisation qui devait être mise en place ne l’a pas été, et finalement le verrou limitant le nombre de mandats a sauté… On a fini par changer la République en instituant une sorte de monarchie », dénonce-t-elle.
30 ans après
Les sympathisants du Mouvement patriotique du salut (MPS), témoignent que le 1er décembre 1990 marque un vent de liberté, après plusieurs années de dictature sous Hissène Habré.
Depuis, de nombreuses réformes ont été faites pour introduire une forme d’ouverture des institutions, comme le souligne Abderrahmane Djasnabaille, un des ténors de la majorité présidentielle.
« Les fondamentaux de la démocratie sont là : la Constitution, la diversité au niveau associatif, il y a une multitude de médias… Donc, tout ça, ce sont des choses que nous avons pensées au départ, et aujourd’hui c’est une réalité ».