Après la chute du chef de l’Etat d’alors, de nombreuses personnes détenues illégalement ont retrouvé la liberté. Certains de ces prisonniers sortis des geôles se souviennent encore comme si c’était hier.
Le samedi 1er décembre 1990, Idriss Déby prenait le pouvoir au Tchad après la fuite de son prédécesseur, Hissène Habré. Le chef de l’Etat d’alors avait été chassé par le Mouvement patriotique du salut.
Après le départ forcé d’Hissène Habré du pouvoir, on découvrait alors les atrocités de son régime qui a duré près de huit ans avec des victimes à la pelle. Quelques 40 000 morts, selon une commission d’enquête diligentée par les nouvelles autorités.
À cette époque, de nombreuses personnes détenues illégalement ont retrouvé la liberté. Certains de ces prisonniers sortis des geôles d’Hissène Habré se souviennent. C’est le cas de Mahamat Moussa qui avait 21 ans en 1990.
Emprisonné depuis deux ans, il était en charge de la cuisine des prisonniers : « Depuis lundi, on n’avait plus de nourriture. De mardi à vendredi, les gardiens sont partis à la prière de 13 heures. Et ils sont partis pour de bon. », raconte-t-il au micro de RFI.
Le dénouement
Les gardiens partis pour la prière du vendredi ne reviendront plus jamais. Entretemps, un des geôliers, chargé de laisser mourir les prisonniers, va tenter de soulager sa conscience en se confiant à Fatimé Hachim, une prisonnière.
« C’était un militaire qui s’appelait Mahamat. Il m’a expliqué qu’ils avaient reçu l’ordre de tuer tous les prisonniers. Mais lui ne pouvait pas. Il m’a dit « Je vais vous sortir de nuit. » », se souvient-elle.
Lorsque l’obscurité vint, le garde tira, avec son arme à feu, à quatre reprises : c’était le signal codé pour que les prisonniers s’enfuient. Le geôlier leur avait laissé une issue.
Fatimé Hachim sera aidée par quelques prisonniers qui avaient encore des forces, après cinq jours de diète. Ce sont eux qui vont ouvrir les premières cellules qui vont livrer l’horreur de huit années de règne.