Entrepreneur, créateur, Pierre Cardin a rendu l’âme à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine, a annoncé mardi 29 décembre l’Académie des beaux-arts, où il siégeait depuis 1992.
Le couturier français était considéré comme le dernier témoin de la mode du XX- siècle. Il est mort ce matin, mardi 29 décembre, à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine, a annoncé sa famille . Le styliste visionnaire et pionnier du prêt-à-porter avait 98 ans. Il se considérait comme le seul nom libre de la mode :
« Depuis les années 1950, je suis resté Pierre Cardin de A à Z. Tous les autres sont morts ou alors passés dans d’autres mains », avait-il déclaré en septembdre dans les colonnes de Le Figaro. Entré chez Paquin en 1945. Passage éclair chez Schiaparelli. Premier tailleur chez Christian Dior en 1946.
« Vous vous rendez compte que j’ai travaillé sur la collection New Look de Dior ! C’était une révolution en dentelles. » Cardin voulait faire la révolution tout court.
Premier à ériger la mode en art de vivre
Meubles, linge, accessoires, sanitaire… Bien avant Gucci, Calvin Klein ou Dior, il est le premier à ériger la mode en art de vivre, à jouer de sa griffe sur pléthore de produits.
Dans les années 1970, celui qui s’offrira le théâtre des Ambassadeurs (qu’il avait rebaptisé Espace Pierre Cardin et dont la concession s’était arrêtée en 2016, à son regret), puis Maxim’s et le château du marquis de Sade, à Lacoste, dans le Lubéron, est le plus gros donneur de licences dans le monde. Elles lui auraient rapporté quelque 35 millions d’euros de royalties par an.
L’homme aux 850 licences
Il est né à Pietro Cardini, en 1922, dans une famille de paysans de la Vénitie. Ruinée par la Grande Guerre, elle s’installe en France où l’enfant doit affronter des insultes dues à sa condition d’immigré. Les « sale macaroni » lui donnent le goût de la revanche : « Cela m’a rendu ambitieux », reconnaissait-il.
Pendant l’Occupation, Cardin apprend la coupe chez un tailleur à Vichy, manie les chiffres en étant comptable à la Croix Rouge. Et croit déjà dur comme fer à la grandeur de son avenir : une voyante lui avait dit que son nom flotterait partout dans le monde…
L’homme aux 850 licences, 500 usines, 200 000 personnes qu’il employait directement ou indirectement dans le monde, ne boudait pas son plaisir en évoquant sa réussite. De cette voix si particulière, dont le débit était aussi vif que son esprit, il racontait avec la malice de l’acteur qu’il aurait voulu être le fabuleux destin de Pierre Cardin.