La mission des Nations unies et de l’Union africaine au Darfour doit mettre fin jeudi à 13 ans de maintien de la paix dans la vaste région soudanaise, alors même que les récents affrontements violents font craindre un nouveau conflit aux habitants.
Les combats ont éclaté au Darfour en 2003, lorsque des rebelles issus de minorités ethniques se sont soulevés contre le gouvernement à majorité arabe de Khartoum, qui a réagi en recrutant et en armant la célèbre milice à majorité arabe connue sous le nom de Janjaweed.
Au total, 300 000 personnes ont été tuées et 2,5 millions ont été déplacées, selon les Nations unies.
« Le dernier jour pour la MINUAD est ce soir à minuit », a déclaré Islam Khan, chef d’équipe de la MINUAD au bureau du Darfour. « La MINUAD n’aura plus de mandat de protection après le 31 décembre 2020 ».
La mission a déclaré que le gouvernement soudanais « prendra en charge la responsabilité de la protection des civils dans la région. »
Le conflit amer du Darfour s’est largement apaisé ces dernières années et l’autocrate de longue date Omar al-Bashir – recherché par la Cour pénale internationale pour génocide et autres crimes présumés dans la région occidentale – a été déposé l’année dernière.
Mais le gouvernement de transition du pays est fragile, et des affrontements ethniques et tribaux éclatent encore périodiquement, notamment les affrontements de la semaine dernière qui ont fait au moins 15 morts et des dizaines de blessés.
De gros problèmes à venir
Les Darfouriens, dont beaucoup restent dans des camps grouillants des années après avoir fui leurs foyers, ont organisé ces dernières semaines des manifestations pour protester contre le départ imminent de la mission.
« La vie des Darfouriens est en jeu, et les Nations unies devraient reconsidérer leur décision », a déclaré Mohamed Abdelrahman à l’AFP mercredi au camp de Kalma à Nyala, la capitale du Sud-Darfour.
Il fait partie des centaines de personnes qui ont organisé un sit-in à l’extérieur du quartier général de la mission dans le camp.
Les manifestants ont brandi des banderoles pour lire : « Nous avons confiance dans la protection des Nations Unies pour les personnes déplacées » et « nous rejetons la sortie de la MINUAD ».
L’ONU a déclaré que le retrait progressif des quelque 8 000 membres du personnel civil et armé de la mission commencera en janvier et sera achevé dans les six mois.
Othman Abulkassem, résident de longue date de Kalma, craint que le départ des troupes n’annonce de « gros problèmes » pour les Darfouriens, les exposant à de nouvelles violences.
Beaucoup d’améliorations
Le porte-parole de la MINUAD, Ashraf Eissa, a cherché à apaiser ces craintes.
« Nous comprenons les préoccupations de la population du Darfour, en particulier des personnes déplacées et d’autres groupes vulnérables, mais la situation s’est beaucoup améliorée ces dernières années », a déclaré M. Eissa à l’AFP.
« La responsabilité incombe maintenant au gouvernement de transition et au peuple soudanais lui-même pour renforcer la paix et la sécurité au Darfour ».
Une mission politique des Nations Unies – la Mission intégrée d’assistance à la transition au Soudan (UNITAMS) – sera installée au Darfour après le départ de la MINUAD.
Elle aura pour mission d’aider le Soudan dans sa transition, la consolidation de la paix et le versement de l’aide.
Suite aux affrontements de la semaine dernière, les autorités soudanaises ont déclaré que des troupes gouvernementales seront déployées dans la région pour contenir toute violence.
Jeudi, le ministre des affaires étrangères par intérim, Omar Qamareddine, a déclaré que la MINUAD « contribuait à la réalisation de la paix ».