Les rebelles en offensive en République centrafricaine contre le pouvoir du président Faustin Archange Touadéra, fraîchement réélu après une élection controversée, ont attaqué samedi Bouar, une grande ville située à 340 km de la capitale Bangui, ont annoncé les forces de maintien de la paix de l’ONU.
Deux avions de chasse français ont été envoyés pour une « mission de survol » du pays par le président Emmanuel Macron qui a réaffirmé son soutien au processus électoral et a condamné « fermement » les tentatives des rebelles pour le « miner ».
Ces avions ont « survolé » Bouar, pour « soutenir les militaires » de la République centrafricaine dont une importante base a été prise à partie, ont assuré dans un message à l’AFP le Détachement d’assistance opérationnelle en République centrafricaine (DETAO-RCA), des soldats français qui sécurisent l’aéroport de Bangui.
En milieu de matinée, « des éléments armés ont attaqué les positions des Forces armées centrafricaines (FACA) » à Bouar, qui abrite le camp Leclerc, le quartier général de l’armée dans la région ouest, la plus peuplée du pays, a déclaré à l’AFP le lieutenant-colonel Abdoulaziz Fall, porte-parole de la composante militaire de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA).
Les soldats de la paix « sont venus en soutien et ont également été pris à partie », a-t-il ajouté sans plus de détails.
L’attaque a commencé à 10h30 lorsque des éléments armés ont attaqué la base des FACA et Minusca qui ont été touchés par des roquettes, mais ont déclaré à l’AFP des représentants des Nations Unies sous couvert d’anonymat.
Deux hélicoptères d’attaque de Minusca ont été engagés et les combats ont cessé vers 12h30, selon les mêmes sources. « La MINUNEP a repris le contrôle de la situation », a déclaré à l’AFP un haut responsable des forces de maintien de la paix à Bouar.
Six des plus puissants des groupes armés qui ont occupé les deux tiers du pays depuis le début de la guerre civile en 2013, se sont alliés à la mi-novembre dans une Coalition des patriotes pour la République centrafricaine (CPC). Ils ont ensuite lancé une offensive pour perturber les élections, 10 jours avant les élections présidentielles et législatives du 27 décembre.
Face aux FACA fortement soutenues par les Casques bleus et aux importants renforts de paramilitaires russes et de soldats rwandais, les rebelles ont jusqu’à présent peu progressé vers Bangui et leurs attaques sont généralement confinées aux villes situées à des centaines de kilomètres de la capitale.
Mais Bouar est la cinquième plus grande ville du pays avec 40 000 habitants et occupe une position stratégique sur une route cruciale pour l’approvisionnement de Bangui depuis le Cameroun.
M. Touadéra, qui dirige le pays depuis 2016, a été déclaré réélu le 4 décembre, mais seul un électeur sur deux a eu l’occasion de se rendre aux urnes le 27 décembre en raison de l’insécurité qui règne dans un pays occupé aux deux tiers par des groupes armés, des rebelles ou de simples prédateurs de ses ressources.
Dix candidats de l’opposition ont demandé l’annulation des élections présidentielles et législatives qui, selon eux, ont été « discréditées » par une « fraude massive » et un faible taux de participation. Les résultats doivent être validés par la Cour constitutionnelle avant le 19 janvier, après l’étude des recours.
L’annonce, il y a trois semaines, d’une offensive rebelle pour empêcher les élections a ravivé les tensions dans le pays, qui est en proie depuis 2013 à une guerre civile qui se poursuivra jusqu’en 2018, avant de retomber à un niveau bas.
Dans sa déclaration de samedi, M. Macron a appelé au « respect des prochaines décisions de la Cour constitutionnelle, tout en soulignant la nécessité d’un dialogue politique ouvert et inclusif ».