Devant les représentants de la Cédéao, le M5 a déclaré que les militaires dirigent le pays et que les dirigeants civils n’inaugurent que des chrysanthèmes.
Conduite par l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, une délégation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) séjourne depuis hier lundi au Mali. Les objectifs de cette mission: faire le point sur la transition depuis le putsch du 18 août 2020. Mais aussi échanger sur les préparatifs des élections présidentielles et législatives de l’an prochain.
La délégation a d’ores et déjà commencé ses consultations politiques. Parmi l’auditoire, des représentants de partis politiques ont trouvé que la transition politique malienne faisait son chemin : « Nous avons accueilli la mise en place des différents organes de la Transition avec beaucoup de soulagement. Nous considérons aujourd’hui que la réussite de la transition est un impératif. », a confié Cheick Oumar Diallo de l’Alliance démocratique pour la paix-Maliba.
En revanche, pour majorité des représentants de partis présents, la transition balbutie. Les critiques les plus acerbes viennent du M5, le mouvement qui a contribué au départ de l’ex-président Ibrahim Boubakar Keita. Devant les émissaires de la Cédéao, le représentant du M5 a déclaré que les militaires dirigent le pays et que les dirigeants civils n’inaugurent que des chrysanthèmes.
La présidentielle de 2022
Ce qui pourrait avoir des conséquences pour les scrutins présentiel et législatif de l’an prochain : « Tout laisse croire que par ce biais, les autorités de la Transition veulent organiser une cession du pouvoir après une parodie d’élection. », a indiqué Choguel Maïga, un responsable du M5.
Pendant leur séjour à Bamako, la mission de la Cédéao va plancher sur la situation politique locale. Une charte officielle stipule que la junte malienne est dissoute après l’installation des institutions de la transition. C’est vrai que tous les organes sont dorénavant opérationnels, cependant les militaires restent très présents sur le terrain et dans les bureaux.
Deux des organes de la transition, notamment la vice-présidence et le Conseil national de la transition qui joue un rôle législatif, sont dirigés par les deux principaux auteurs du coup d’État du 18 août dernier. Dans la classe politique malienne, ils ont leurs adeptes, mais aussi des adversaires qui parlent de « transition militaire déguisée ».