L’élection présidentielle ougandaise se tient jeudi. Au pouvoir depuis 35 ans, Yoweri Museveni est candidat à sa succession pour un sixième mandat face à dix adversaires politiques dont l’opposant, artiste musicien populaire et député Bobi Wine.
Onze candidats, dont le président sortant Yoweri Museveni, sont en lice pour l’élection du 14 janvier 2021.Parmi les dix candidats de l’opposition figure en bonne place l’artiste musicien chanteur de reggae et député Bobi Wine. Ce dernier de son vrai nom Robert Kyagulanyi a mené une campagne électorale difficile. Il a souvent été la cible des forces de l’ordre qui dispersaient ses meetings à coups de gaz lacrymogènes et de flashballs.
Une de ses arrestations aurait débouché sur un bain de sang le 18 novembre w dernier. Confrontées à la colère des partisans de Bobi Wine, des forces de sécurité ont fait usage de tirs à balles réelles et tué 54 personnes en une journée. Bobi Wine a lui-même déclaré à l’Afp que «tous mes adjoints et assistants ont été la cible de tirs ».
Une élection sous tension
Agé de 38 ans, ‘Bobi Wine a ajouté que plusieurs dizaines de membres de son équipe de campagne ont fait l’objet d’une détention prolongée arbitraire. Une centaine de membres de son équipe avaient été interpellés fin décembre pendant que Bobi Wine était raccompagné contre son gré à son domicile de Kampala dans un hélicoptère de l’armée. Le but étant de l’empêcher de tenir un meeting prévu à 100 km de Kampala.
«Je m’attends à recevoir une balle à n’importe quel moment», a déclaré Bobi Wine. Selon Bobi Wine qui est le principal rival du président Yoweri Museveni : «l’Ouganda n’est pas gouverné conformément à la loi ». Âgé de 76 ans et à la tête de l’Ouganda depuis 35 ans, Yoweri Museveni ne semble pas prêt à quitter le pouvoir auquel il avait accédé par un coup d’ëtat en janvier 1986 : «Nous sommes certains de la victoire», a-t-il déclaré récemment.
Les adversaires politiques Yoweri Museveni sont persuadés qu’il use de violence par la répression systématique des manifestations publiques organisées par l’opposition et la société civile , par l’instrumentalisation du corona virus et de fraude électorale pour rester au pouvoir et faire de son parti, le Mouvement de la résistance nationale (Nrn), le vainqueur des élections.
On a souvenance que lors de la journée du dépôt officiel des candidatures par les 11 candidats, le 3 novembre dernier, Bobi Wine alors candidat de la National Unity Platform (Nup) avait été arrêté et des affrontements avaient suivi entre ses partisans et les forces de l’ordre. Il avait été violemment extrait de sa voiture et gazé par des officiers de police. Il avait été relâché plus tard et ramené à son domicile de Kampala.
Discriminations sous prétexte de Covid
Candidat du Forum pour le changement démocratique (Fdc), parti de l’ancien opposant historique Kizza Besigye, Patrick Amuriat avait le même jour perdu une chaussure dans une rixe avec les policiers. Il venait déposer sa candidature. Des meetings pourtant autorisés d’autres candidats ont été ensuite interdits par la police. La commission électorale ougandaise a imposé des réglées spécifiques pour endiguer la pandémie de Covid-19: le pays a enregistré plus de 35 000 cas et la propagation du virus a été inquiétante.
Porte-parole du Haut-commissariat de l’Onu aux droits de l’Homme, Ravina Shamdasani a été formel: «Nous avons observé que les restrictions dues au Covid-19 avaient progressivement été mises en œuvre de façon plus stricte pour réduire les activités de la campagne électorale de l’opposition d’une façon discriminatoire».
Mais il y a eu deux poids, deux mesures. Alors que Yoweri Museveni a multiplié déplacements officiels et inaugurations partout, largement relayés par les médias d’Etat, au nom de la lutte contre le coronavirus, la campagne a été suspendue à Kampala qui est un fief de l’opposition.
Les autorités n’ont pas hésité à invoquer la sécurité nationale en décembre pour demander à Google de bloquer la chaîne YouTube Ghetto TV de Bobi Wine. Le premier tour de l’élection présidentielle ougandaise va se dérouler en même temps que les élections législatives.
La Nouvelle Expression