Craignant pour sa vie, le président du MRD vit en Belgique depuis 2017.
A Djibouti, le Mouvement pour le renouveau démocratique et le développement (MRD) a été dissout par le pouvoir en 2009. Le Comité des droits de l’homme a jugé que la dissolution de cette formation politique était une ingérence dans la liberté d’association.
Mais aussi que les autorités avaient plusieurs fois violé les libertés de Daher Ahmed Farah (DAF), le président du MRD. Ainsi que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, dont Djibouti est signataire.
Les experts des Nations unies ont par conséquent, demandé la réhabilitation du MRD. Tout comme ils ont réclamé que l’opposant puisse rentrer au pays poursuivre son activité politique librement. Djibouti a 180 jours pour dire où en est l’application de cette décision.
DAF a déclaré être « satisfait » après ce rapport « à la dimension internationale ». Assigné à résidence plus de vingt fois et arrêté six fois d’après ses proches, l’opposant n’a rien perdu de sa verve : « Tant que rien ne changera à Djibouti, je continuerai », assure-t-il.
Selon lui, l’idéal serait « de rentrer rapidement et d’être candidat à la présidentielle d’avril ». Son avocat parle d’« un soulagement après une longue procédure ». Me Zacharia Abdillahi, affirme que « les conclusions s’imposent à Djibouti », toutefois il ne cache pas son inquiétude quant à leur application : « Le pouvoir s’acharne car il a peur de son influence politique », croit Me Abdillahi.
Près de 4 ans d’exil
A la vérité, Djibouti n’a pas en tête d’appliquer ces conclusions : « Djibouti est un Etat souverain, sa justice est indépendante. Personne ne nous imposera quoique ce soit », dit Daoud Houmed, porte-parole de la majorité.
Craignant pour sa vie, l’opposant réfugie en 2004 en Belgique d’où il dirige le MRD. En 2013, il rentre à Djibouti et participe à la création de l’Union pour le salut national (USN) qui présente des candidats aux élections législatives du 22 février 2013.
La coalition gouvernementale se déclare gagnante, ce que conteste l’USN. S’ensuit une crise post-électorale qui dure près de deux ans. Tout au long de cette crise post-électorale, DAF est arrêté ou assigné à résidence plus de vingt. Sans compter les confiscations de biens et de documents.
Un accord-cadre signé entre l’opposition et le gouvernement le 30 décembre 2020 met fin à cette crise. Mais l’accord reste pour l’essentiel inappliqué. Il retourne en Belgique en mars 2017, quelques jours avant qu’un mandat d’arrêt ne le vise pour « reconstitution d’un parti politique dissout».