Selon l’ONG, certains désaccords inhabituels, notamment des officiers qui refusent de combattre leurs parents rebelles sont apparues dernièrement.
L’ONG internationale Crisis Group vient de publier un rapport sur l’armée tchadienne. Intitulé « Les défis de l’armée tchadienne », le document revient sur le parcours de cette armée constitué de 40 à 65 000 hommes, devenue indispensable dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Mais qui est loin d’être « un facteur d’unité nationale sur son territoire national », selon cette organisation.
En effet le rôle capital joué par l’armée du Tchad dans le dispositif international contre le terrorisme au Sahel assure à ce pays, classé parmi les pays les plus pauvres du monde, un rang de puissance africaine. Tout comme il rend Idriss Deby qui vient de passer 30 ans au pouvoir, inévitable aux yeux de ses partenaires, notamment Américains ou Français, admet l’International Crisis Group (ICG).
Cependant cette renommée à l’internationale dissimule les nombreuses failles que l’on constate à l’intérieur de ses rangs : « Il est perçu que l’armée reste au moins une armée du nord. Il y a un manque de transparence dans le recrutement, les promotions. La plupart des troupes ne sont pas bien traitées, les élites le sont beaucoup mieux. On soupçonne les Zaghawas, l’ethnie du président, d’être à l’abri des pénuries dans l’armée, d’avoir des bonnes positions… », explique Richard Moncrieff, le directeur Afrique centrale de ICG.
La modernisation l’armée tchadienne
Résultats, certains désaccords inhabituels, notamment des officiers qui refusent de combattre leurs « parents » rebelles sont apparues récemment. A près de trois mois d’une présidentielle à laquelle Idriss Deby est donné victorieux, plusieurs Tchadiens et de diplomates s’inquiètent « des risques » d’une crise de succession dans les rangs de l’armée en cas de fin de règne brusque de Déby, âgé de 68 ans.
La solution réside dans la modernisation urgente l’armée tchadienne. Toutefois si « aucune réforme d’ampleur n’est envisageable à court terme », prévient cette ONG des progrès « même limités », comme « la rendre plus représentative de la population », sont aujourd’hui possibles, conclut-elle.