L’agence des Nations Unies pour les réfugiés lance un appel de 100 millions de dollars pour fournir protection et soutien à des milliers de réfugiés africains qui risquent leur vie en essayant d’atteindre et de traverser la mer Méditerranée.
L’escalade des conflits et de la violence dans la région du Sahel en Afrique et les nouveaux déplacements dans l’est et la Corne de l’Afrique font fuir un nombre croissant de personnes à travers le désert du Sahara. Nombre d’entre elles s’embarquent ensuite pour de dangereux voyages maritimes à travers la Méditerranée vers l’Italie, en quête d’asile.
L’agence des Nations unies pour les réfugiés rapporte qu’au moins 1 064 personnes sont mortes ou ont disparu en Méditerranée centrale et occidentale en 2020. L’agence a vérifié la mort d’environ 1 800 personnes lors du voyage terrestre à travers le Sahara, mais affirme que ce n’est que la partie visible de l’iceberg, car il n’est pas possible de recueillir des données sur les personnes disparues.
Vincent Cochetel, l’envoyé spécial du HCR pour la situation en Méditerranée centrale, explique que les réfugiés et les migrants racontent des histoires déchirantes de brutalité et d’abus tout au long de leur voyage. Le principal risque auquel les gens sont confrontés, dit-il, est celui de l’extorsion de fonds de la part de passeurs qui deviennent très vite des trafiquants.
« Nous avons entendu de nombreuses femmes dire qu’elles ont été violées à plusieurs reprises au cours de leur voyage », dit-il. « Donc, risque d’extorsion, risque d’exploitation du travail, d’exploitation sexuelle, de viol et simplement de meurtre. Certaines personnes ont simplement été abandonnées dans le désert dans un état de négligence totale, sans nourriture et sans eau ».
Le plan d’action stratégique et l’appel de 100 millions de dollars du HCR couvrent 25 pays qui sont liés aux mouvements de réfugiés et de migrants. Selon Cochetel, l’objectif est d’aider les réfugiés sur leur chemin, ainsi que de réduire leur besoin de s’embarquer dans des voyages dangereux.
« Nous ne sommes peut-être pas en mesure d’arrêter les voyages dangereux, mais nous ne croyons pas à leur caractère inévitable », a-t-il déclaré. « Il est presque trop tard pour que nous puissions intervenir lorsque les gens arrivent en Libye ou au Sahara occidental. L’investissement dans de meilleurs services et dans la protection doit avoir lieu le long de la route et pas seulement dans les États côtiers ».
Cochetel affirme que l’argent sera utilisé pour aider les réfugiés à accéder à l’éducation et aux moyens de subsistance dans les pays d’asile. La priorité sera donnée à la protection des réfugiés dans les régions éloignées et à l’aide financière aux réfugiés vulnérables en milieu urbain.
Le HCR appelle les pays à renforcer les voies légales et sûres pour les réfugiés, y compris par le biais du regroupement familial, qui est un droit en vertu du droit international.