Le gouvernement intérimaire du Mali a déclaré vendredi qu’il poursuivrait le dialogue avec les djihadistes et organiserait des élections, craignant de traîner les promesses précédentes.
Présentant un plan de gouvernement dans la capitale Bamako, six mois après un coup d’Etat militaire dans l’Etat du Sahel, le Premier ministre intérimaire Moctar Ouane a déclaré qu’il ferait « tous les efforts possibles » pour organiser des élections libres et équitables d’ici la fin de son mandat.
De jeunes officiers militaires ont évincé le président Ibrahim Boubacar Keita le 18 août dernier après des mois de protestations motivées par son incapacité à résoudre le conflit djihadiste qui dure depuis longtemps au Mali, et par la perception de la corruption.
Les officiers ont ensuite remis le pouvoir à un gouvernement civil intérimaire entre septembre et octobre, sous la menace de sanctions internationales.
Ce gouvernement est censé réformer la constitution et décentraliser le pouvoir dans ce pays vaste et ethniquement diversifié, ainsi qu’organiser des élections nationales avant la fin de son mandat de 18 mois.
Mais le désenchantement grandit face à la lenteur des réformes du gouvernement intérimaire, qui est alimentée par les accusations selon lesquelles des personnalités ayant des liens avec l’armée dominent le gouvernement d’après le coup d’État.
M. Ouane a souligné vendredi qu’il allait poursuivre les plans de réforme et ramener le pays à un régime démocratique.
Des pans entiers du Mali échappent au contrôle de l’État, le gouvernement luttant pour réprimer une insurrection djihadiste qui a vu le jour en 2012 et qui a coûté la vie à des milliers de personnes.
M. Ouane a déclaré que le gouvernement allait recruter 25 000 soldats supplémentaires et redéployer des forces sur l’ensemble du territoire national, une tâche qu’il a qualifiée de « difficile, mais pas impossible ».
Le gouvernement veut également démanteler les milices d’autodéfense qui ont vu le jour dans les régions sans loi du pays.
Ouane a ajouté qu’il poursuivra la médiation avec les groupes radicaux pour tenter d’endiguer les combats, une politique qui le met en désaccord avec la France, qui a exclu tout dialogue.
La France, l’ancien dirigeant colonial du Mali, a déployé 5 100 soldats dans la région du Sahel.
Le président français Emmanuel Macron s’est également engagé ce mois-ci à « décapiter » les groupes d’insurgés liés à Al-Qaïda dans la région semi-aride.