Cette décision est vue par certains observateurs tchadiens comme une tentative du chef de l’Etat de séduire la communauté internationale à deux mois de la présidentielle.
La semaine dernière à N’Djamena, le président tchadien Idriss Deby Itno, nouveau président en exercice du G5 Sahel, a annoncé l’envoi de 1 200 soldats tchadiens dans la zone dite des « trois frontières » entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
Au Tchad, cette décision est vue par certains observateurs comme une tentative du chef de l’Etat de séduire la communauté internationale à deux mois de la présidentielle. Un avis que conteste M. Deby.
« C’est un devoir pour le Tchad d’envoyer des soldats tchadiens, lutter contre les djihadistes dans le Sahel. Car cette hydre, si elle n’est pas contenue, constitue une menace, non seulement pour les autres pays, mais aussi pour le Tchad », a justifié Idriss Deby Itno lors du dernier sommet du G5 Sahel.
Selon Nara Hantoloum, éditorialiste tchadien, l’engagement du Tchad dans la lutte contre le terrorisme au Sahel n’est pas une mauvaise nouvelle. Cependant le journaliste milite pour un engagement de la communauté internationale toute entière aux côtés du Tchad.
Un objectif politique ?
« La question du terrorisme concerne l’humanité en générale. Donc tous les pays doivent être mobilisés pour y faire face. Vous imaginez, c’est depuis 2013 que les troupes tchadiennes se trouvent dans la bande sahélienne pour ce combat. Mais le Tchad à lui seul ne peut pas supporter le poids de cette guerre. Le président Deby, comme il a pris les rênes du G5 Sahel, a voulu faire honneur à ses pairs qui l’ont élu, mais je doute fort que le Tchad ait les moyens nécessaires pour soutenir ses soldats déployés dans la bande sahélienne », explique le journaliste.
Pour le docteur Djong Yang Dibam, le juriste consultant indépendant, la décision du chef de l’Etat d’envoyer l’armée dans la zone dite des trois frontières a un objectif politique.
Selon lui, Idriss Deby chercherait à acheter le soutien de la communauté internationale afin de lui permettre de valider sa réélection le 11 avril prochain : « En ce moment il n’est un secret pour personne que le président Deby est en difficulté en interne. Il est contesté de partout du fait de sa gestion chaotique du pays et de son 6e mandat controversé. Donc par cette décision, Idriss Deby Itno tente de faire les yeux doux à la communauté internationale pour que la communauté internationale puisse légitimer ou cautionner son 6e mandat controversé », analyse le Docteur Djong Yang Dibam.
Notons que l’engagement des troupes tchadiennes dans la lutte contre le terrorisme à l’étranger aurait coûté jusqu’à présent plus de 300 milliards FCFA au trésor public tchadien.