Après avoir passé 30 ans au pouvoir, Idriss Deby Itno va briguer dans un mois un 6e mandat d’affilée.
Au Tchad, la campagne électorale pour la présidentielle du 11 avril prochain débute ce jeudi matin. Une campagne qui va durer 30 jours. Sur le papier, neuf candidats sont en course, dont l’actuel président Idriss Deby Itno, bientôt 69 ans.
Après avoir passé 30 ans au pouvoir, Idriss Deby Itno va briguer dans un mois un 6e mandat d’affilée. En face de lui, neuf adversaires selon la liste rendue publique par la Cour suprême. Mais trois parmi eux se disent candidats malgré eux.
Il s’agit de Saleh Kebzabo, arrivé 2e lors de la dernière présidentielle, de l’opposant de toujours Ngarlejy Yorongar. Mais aussi de Théophile Bongoro, candidat de l’Alliance Victoire qui rassemble 13 partis d’opposition.
Une élection sans aucun enjeu
Tous les trois se sont écartés du processus électoral après l’offensive des forces de l’ordre contre le domicile de l’opposant Yaya Dillo Djerou. Mais rien n’a changé, leurs photos figurent déjà sur les bulletins de vote. Pour Saleh Kebzabo, le pouvoir a décidé de maintenir ces « poids lourds » de l’opposition dans le processus pour « donner de la crédibilité à une élection sans aucun enjeu ».
Reste 6 candidats qui eux veulent aller au duel : le chef de file officiel de l’opposition Felix Nialbé Roumandoumngar, parfois accusé d’être proche de la mouvance présidentielle, le leader du Mouvement des patriotes tchadiens, Brice Mbaimong Guedmabaye. Ainsi que l’ancien Premier ministre, Albert Pahimi Padacket qui avait soutenu Idriss Deby il y a 5 ans. Deux nouveaux venus, sont en lice : Balthazar Aladoum Djarma ou encore Théophile Yombombe Madjitoloum.
Lydie Beassemda, la première femme candidate
Pour finir, il y a l’ex-ministre Lydie Beassemda, la première femme à briguer la magistrature suprême au Tchad. Des personnalités principalement originaires du sud. Selon le chercheur Jérôme Tubiana, l’absence de candidats venant du nord prouve une volonté d’éviter d’émietter l’électorat favorable au président Idriss Déby.
« C’est sans doute un calcul du pouvoir que d’avoir plutôt cherché à avoir face à lui des opposants du sud et d’avoir beaucoup découragé les opposants du nord. (…) Le vote est assez fortement géographique voire ethnique au Tchad et donc en général, le président Déby a eu davantage de voix au nord. S’il y avait des candidats du nord, très certainement sa base au nord serait érodée », explique Jérôme Tubiana.