Les Rwandais dénoncent l’arrestation, le 21 janvier dernier, Yvonne Idamange Iryamugwiza, 42 ans, pour avoir publié sur YouTube des vidéos où elle critique la gestion de la pandémie de Covid-19.
La diaspora rwandaise présente en Europe, aux États-Unis et en Australie s’est mobilisée ce week-end pour demander de la communauté internationale qu’elle arrête de fermer les yeux sur ce qui se passe à Kigali.
«Le Rwanda est une dictature très féroce où l’on n’a pas le droit de dire ce qu’on pense», dénonce Jean-Luc Rugamba, la tête de proue de la manifestation organisée samedi place des Nations par Action citoyenne pour la paix (ACP).
En effet, le 21 janvier dernier, Yvonne Idamange Iryamugwiza, 42 ans, une rescapée du génocide mère de quatre enfants, a été arrêtée. La raison? Avoir publié sur YouTube des vidéos où elle critique la gestion de la pandémie de Covid-19.
Depuis mars 2020, les Rwandais ont subi plusieurs périodes de confinement alors qu’aucun système d’assurance chômage n’existe : «Au départ, elle voulait parler de la détresse des gens qui étaient obligés de rester chez eux sans rien à manger ou contraints de sortir masqués alors qu’ils n’ont pas les moyens de se payer un masque», explique au micro de La Tribune de Genève, Jean-Luc Rugamba.
Après avoir appelé à l’unité des Rwandais pour réclamer des concessions du gouvernement, Yvonne Idamange Iryamugwiza a aussi dénoncé le manque de considération accordé aux victimes du génocide. Ce qui a fini par lui attirer les foudres du régime qui l’accuse aujourd’hui «d’incitation au désordre public». Et même de négation du génocide alors qu’elle est elle-même une victime de cette tragédie.
Les restrictions des libertés et droits fondamentaux
L’année dernière, la mort en détention du chanteur Kizito Mihigo, détesté du régime pour ses chansons critiques, avait suscité une vive émotion. Au cours des dernières années, plusieurs ONG ont alerté sur les violations des droits de l’homme commises par Paul Kagame.
«Les restrictions des libertés et droits fondamentaux se caractérisent par des emprisonnements arbitraires, des tortures, des disparitions forcées et des assassinats de citoyens», ont à nouveau dénoncé les ONG en janvier dernier devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
Au pouvoir depuis vingt et un ans, Paul Kagame exerce un règne sans partage mais jouit de la bienveillance de la communauté internationale en raison de la croissance économique et de la stabilité de son pays.