La Cour suprême du Brésil s’apprête à rejeter les preuves dans les affaires de corruption contre l’ancien président Lula, après avoir jugé que le juge à l’origine de l’enquête sur les pots-de-vin était partial à l’égard du dirigeant de gauche.
L’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva n’a pas été traité de manière impartiale dans les enquêtes de corruption de 2017, a jugé mardi la Cour suprême du Brésil, offrant une nouvelle victoire à l’homme politique de gauche qui cherche à faire son retour en politique.
L’arrêt 3-2 est intervenu après que la juge Carmen Lucia a changé d’avis à la dernière minute, faisant basculer la majorité du panel de cinq juges en faveur de l’ancien président.
La Cour suprême a estimé que le juge Sergio Moro était « partial » en condamnant l’homme politique de 75 ans, plus connu sous le nom de Lula.
Moro a été accusé par Lula et ses partisans de conspirer contre le président populaire, pour l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle de 2018 où Lula était susceptible de l’emporter.
L’ancien juge a été le fer de lance de l’enquête anticorruption de 2017, connue sous le nom d’opération Car Wash, et est ensuite devenu le ministre de la Justice du cabinet du président d’extrême droite Jair Bolsonaro.
Plus tôt ce mois-ci, un juge de la Cour suprême a annulé la condamnation pour corruption contre Lula, lui redonnant le droit de se présenter aux élections.
La Cour suprême s’apprête maintenant à rejeter les preuves dans ces affaires, ce qui compromet la perspective d’un nouveau procès rapide.
Quelles étaient les charges retenues contre Lula ?
Une enquête sur la corruption, connue sous le nom d’opération Car Wash, a débuté en mars 2014 et a rapidement fait tomber de multiples personnalités de la politique et des affaires brésiliennes, accusées d’avoir conspiré pour détourner des milliards de dollars de la compagnie pétrolière publique Petrobras.
Parmi elles figurait l’ancien président, qui a ensuite été condamné pour corruption et blanchiment d’argent.
En 2017, il a été condamné pour corruption après avoir accepté un appartement en bord de mer d’une entreprise de construction en échange de contrats gouvernementaux lucratifs.
L’année suivante, un autre tribunal l’a déclaré coupable de corruption et il a été condamné à un total de 26 ans pour avoir accepté des pots-de-vin.
Il a été libéré de prison en 2019 après avoir fait appel de ses multiples condamnations.
Renouveau politique
Lula est le cofondateur du Parti des travailleurs (PT), parti de gauche brésilien, qui a conduit le pays d’Amérique latine à travers un boom économique de 2003 à 2010, sortant des millions de personnes de la pauvreté.
Il est resté une figure populaire au Brésil, même lorsqu’il était en prison. Lula est susceptible de poser un défi majeur à la réélection du président de droite Bolsonaro en 2022, bien qu’aucun des deux n’ait encore confirmé sa candidature.
La décision de mardi a renforcé la candidature potentielle de Lula à l’élection de l’année prochaine et a donné raison à sa plainte pour persécution politique.