Initialement prévue pour s’arrêter à Kano au Nigeria le transsaharien s’étendra au Cameroun. L’annonce a été faite par le ministre des Affaires étrangères algérien reçu en audience par le président Paul Biya le 24 mars au Palais de l’unité.
La visite de Sabri Boukadoum au Cameroun revêtait un caractère politique. En effet, le ministre des Affaires étrangères algérien était porteur d’un message du président algérien Abdelmadjid Tebboune invitant le président Paul Biya à une visite d’Etat dans son pays. Au sortir de l’audience, Sabri Boukadoum a révélé avoir « bien écouté le président [du Cameroun] sur ces conseils, ses visions, sur l’Afrique, l’unité africaine, l’africanité, tout ce qu’on doit faire ».
Non sans ajouter que « Le président a bien voulu partager avec moi ses avis sur les défis de l’heure, le terrorisme sur toute la bande sahélienne qui nous touche et qui louche aussi le Cameroun, les questions .régionales. Toutes les questions ont été abordées avec la dimension, la connaissance et la sagesse du président Biya. J’ai été très heureux de l’entendre».
Rechange entre les hommes comportait une séquence économique qui, mise en application, permettra aux deux pays d’en tirer mutuellement bénéfique. Ce d’autant plus que le Cameroun comme l’Algérie occupe une place stratégique dans leur sous région respective. En Afrique centrale, le Cameroun est le moteur incontesté et incontestable de l’économie. Ce qui est quasiment le cas pour l’Algérie qui met à contribution la diversité de son économie tractée par les hydrocarbures pour impulser une dynamique économique forte en Afrique septentrionale.
Conscients de ces atouts, Paul Biya et son hôte ont abordé des questions économiques lors de leur tête-à-tête du 24 mars. Comme l’a indiqué l’émissaire du président algérien, la zone de libre échange africaine a été abordée et notamment les avantages quelle représente pour des économies compétitives et en quête de marchés.
S’agissant des projets bilatéraux, le ministère des Affaires étrangères algérien n’a pas caché les ambitions de son pays. « Nous avons l’ambition de construire plusieurs projets structurants qui vont toucher tout le monde. Il y a le transsaharien qui va venir jusqu’ici», a révélé Sabri Boukadoum. I.e transsaharien est un gigantesque projet de construction de roule sur 4500 Kilomètres.
Suivi par un Comité de Liaison de la Route transsaharienne (CLRT), le projet est supposé aboutir à la construction d’une route composée de quatre branches reliant deux capitales maghrébines, Alger et Tunis, à quatre capitales subsahariennes, Bamako, Niamey, N’Djamena et Lagos. Les six pays membres de ce comité sont l’Algérie, la Tunisie, le Niger, le Mali, le Tchad et le Nigeria.
Le Cameroun pourrait donc être le cinquième pays subsaharien à se connecter à cette route continentale qui permettra à la zone de libre échange continentale de prendre aisément corps, ne serait-ce qu’en ce sens que les acteurs économiques exerçant à de milliers de kilomètres auront une infrastructure de taille devant leur permettre découler leurs produits.
Rappelons que l’idée de construire une roule transsaharienne est née dans les années 1960 à l’initiative de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), avec pour objectif de désenclaver les zones déshéritées et de promouvoir les échanges entre le nord et le sud du Sahara.