Les autorités militaires tchadiennes ont nommé un nouveau gouvernement dimanche après la mort du président Idriss Deby sur le champ de bataille, mais les principales figures de l’opposition ont rejeté ces nominations, les considérant comme la continuation d’un ordre ancien qu’elles espéraient effacer.
La mort de M. Deby le mois dernier sur les lignes de front d’une lutte contre les rebelles du Nord a mis fin à son règne de 30 ans et a déclenché une crise dans ce pays d’Afrique centrale qui a longtemps été un allié dans la lutte de l’Occident contre les djihadistes dans la région.
Un conseil militaire dirigé par le fils de Deby, Mahamat Idriss Deby, a pris le pouvoir après sa mort et a promis d’organiser des élections dans les 18 mois. La France, ancienne puissance coloniale, a soutenu le conseil, mais l’opposition et les rebelles ont rejeté la prise de pouvoir comme un coup d’État et ont déclaré que les militaires devaient céder le pouvoir à un gouvernement dirigé par des civils.
Des milliers de personnes sont descendues dans la rue la semaine dernière pour protester contre le régime militaire. Au moins six personnes sont mortes dans des affrontements avec la police. L’opposition a appelé à un gouvernement de transition dirigé par un président civil et un vice-président militaire.
La majorité des ministres du nouveau gouvernement occupaient des postes sous Deby. Son fils est président. Son allié, Albert Pahimi Padacke, a été nommé Premier ministre la semaine dernière.
« Cela donne l’impression d’une maison construite en commençant par le toit », a déclaré à Reuters le chef de l’opposition, Succes Masra. « Cela n’ira pas loin tant qu’on ne reviendra pas aux bases souhaitées par le peuple : un président civil, un vice-président (militaire). »
Deby a construit des partenariats internationaux en envoyant ses troupes bien entraînées dans les points chauds de la région pour combattre Boko Haram et d’autres groupes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique.
Son principal allié, la France, compte environ 5 100 soldats basés dans la région dans le cadre des efforts internationaux de lutte contre les militants islamistes, dont sa principale base dans la capitale tchadienne, N’Djamena.