Tout en étant libre de se mouvoir, elles rejettent toutes les petits boulots qui leurs incombent.
Une centaine de personnes, notamment 18 femmes et 53 enfants, se sont réfugiées ce mercredi à Bamako. Installés à la cité des enfants, elles ont quitté leur village de la région de Kayes sous la pression des autorités coutumières après avoir refusé leur statut « d’esclave » imposé par la tradition.
Assise sur un matelas posé à même le sol Sira Diallo a fui pour la première fois son village de Biramabougou sans possibilité d’y retourner un jour : « Ils nous ont chassé ! Ils nous ont dit que nous étions leurs esclaves, puis de respecter les us et coutumes. Nous avons refusé. », raconte-elle.
Dans cette localité comme dans la majorité des villages de la région de Kayes et du Mali, la société est scindée en castes avec en bout de chaîne les personnes considérées comme « esclaves ». Ces derniers, tout en étant libre de se mouvoir, rejettent cette appellation et toutes les petits boulots qui leurs incombent.
La volonté d’émancipation
« Nous sommes organisés de telle façon, que nous avons une association qui s’appelle Gambana. Gambana a pour objectif de montrer que tous les hommes sont égaux. », indique le porte-parole Mady Sidibé de ces « esclaves ».
Fondée en 2017 sous le nom du Rassemblement malien pour la fraternité et le progrès ce mouvement lutte contre les séquelles de l’esclavage. Pour certaines personnes cette volonté d’émancipation est vue comme une révolte contre les coutumes.
« Les gens sont ligotés, les gens sont tabassés. On les prive de tout, de leurs champs de culture, on les prive d’aller au commerce, on les prive de fréquenter les mosquées, c’est vraiment beaucoup de violations, beaucoup d’abus et beaucoup de privation », confie Aguibou Bouaré, le président du Conseil national des droits de l’homme.