Madrid a appelé l’armée en renfort à Ceuta mardi pour empêcher ces milliers migrants d’entrer sur ce territoire.
Depuis lundi, plus de 8000 marocains ont traversé la frontière avec l’Europe pour arriver à Ceuta, l’enclave espagnole au nord du pays. L’Espagne, qui a rendu public ces chiffres mardi, dit avoir renvoyé la moitié d’entre eux au Maroc.
Mais plus de 2000 enfants non accompagnés sont toujours à Ceuta. Ces mineurs divaguent dans les rues de la ville, sous le regard abasourdie des habitants.
Madrid a appelé l’armée en renfort à Ceuta mardi pour tenter d’empêcher ces milliers migrants d’entrer sur ce territoire : « Les migrants arrivaient sans cesse, ça n’arrêtait pas. Depuis lundi, l’afflux a été continu. Ca a un peu diminué mardi matin, ils ont même arrêté de traverser car l’armée est arrivée sur la plage. Mais ça n’a pas duré, et maintenant, ils passent de nouveau, malgré la présence de l’armée et des autres forces de sécurité. Cette fois-ci, il y a beaucoup d’enfants, des mères avec leurs enfants », raconte Isabel Brasero, de la Croix-Rouge espagnole.
Le désir de fuir vers l’Europe
Elle affirme qu’à Ceuta, étant donnée la situation géographique, on a l’habitude des arrivées massives de migrants : « Mais d’ordinaire, ils franchissent le grillage ou arrivent par bateaux. Ce qu’on voit depuis lundi est sans précédent : ils ont parcouru à peine 400 mètres à pied, certains n’ont même pas eu à nager, ils ont simplement marché. C’est vraiment inédit, en termes de personnes, mais aussi par la manière dont ils sont arrivés. », ajoute-t-elle.
Sur la plage de Tarajal, apprend-on, des centaines de marocains marchent sous le regard des militaires espagnols jusqu’au poste frontière. Ils regagnent le Maroc après avoir passé moins de 24 heures à Ceuta.
Qui sont ces migrants décidés à quitter leurs pays pour rejoindre l’Europe ? Mohamed Benaissa est le président de l’Observatoire du Nord pour les droits de l’homme (ONDH) au Maroc : « La plupart sont Marocains, beaucoup sont jeunes, environ 60%, et 30% sont des mineurs et il y a environ 10% de familles. D’autres nationalités font partie de ces 8000 migrants : certains arrivent d’Afrique sub-saharienne, d’autres du Yémen. Pour ce qui est des Marocains, ce désir de fuir vers l’Europe, on le constate surtout dans les classes les plus défavorisées mais aussi dans les classes moyennes. La crise du Covid a accentué cette volonté de partir. Elle a aggravé la situation économique et sociale. La jeunesse marocaine se sent exclue. », indique-t-il.