Le procureur de la Cour pénale internationale a exhorté dimanche le gouvernement de transition du Soudan à livrer les suspects recherchés pour crimes de guerre et génocide dans le conflit du Darfour, a rapporté l’agence de presse officielle soudanaise.
La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, est arrivée samedi dans la région occidentale du Darfour, au Soudan, pour rencontrer les autorités et les communautés touchées dans la région, a indiqué la Cour. Mme Bensouda a déclaré qu’elle était inspirée par « la résilience et le courage » des habitants du Darfour.
Parmi les personnes recherchées par la Cour internationale figure l’ancien président soudanais Omar el-Béchir, qui est emprisonné à Khartoum depuis son éviction en avril 2019 et qui fait l’objet de plusieurs procès devant les tribunaux soudanais en rapport avec ses trois décennies de régime autoritaire.
Le conflit dans la région soudanaise du Darfour a éclaté lorsque des rebelles issus de la communauté ethnique d’Afrique centrale et subsaharienne du territoire ont lancé une insurrection en 2003, se plaignant de l’oppression exercée par le gouvernement de Khartoum dominé par les Arabes.
Le gouvernement d’Al-Bashir a répondu par une campagne de bombardements aériens et de raids des milices connues sous le nom de Janjaweed, qui sont accusées de meurtres et de viols en masse. Jusqu’à 300 000 personnes ont été tuées et 2,7 millions ont été chassées de leurs foyers.
La CPI a inculpé Al-Bashir de crimes de guerre et de génocide pour avoir prétendument dirigé la campagne d’attaques au Darfour. Les procureurs soudanais ont ouvert l’année dernière leur propre enquête sur le conflit du Darfour.
La Cour a également inculpé deux autres hauts responsables du régime d’El-Béchir : Abdel-Rahim Muhammad Hussein, ministre de l’Intérieur et de la Défense pendant une grande partie du conflit, et Ahmed Haroun, haut responsable de la sécurité à l’époque, puis chef du parti au pouvoir d’el-Béchir. Hussein et Haroun sont tous deux en état d’arrestation à Khartoum depuis que l’armée soudanaise, sous la pression des manifestants, a évincé el-Béchir en avril 2019.
Le tribunal a également inculpé le chef rebelle Abdulla Banda, dont on ignore où il se trouve, et le chef janjawid Ali Kushayb, qui a été inculpé la semaine dernière de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre.
Mme Bensouda et son équipe ont rencontré samedi le gouverneur du Darfour, Mini Arko Minawi, qui a déclaré que la principale préoccupation du procureur était de remettre les personnes recherchées par la Cour dès que possible, et d’accélérer le transfert de Haroun, puisque son cas est lié à celui de Kushayb.
Lors d’une réunion dimanche avec des responsables de la province du Nord-Darfour, le procureur de la CPI a déclaré qu’il continuerait à exiger du gouvernement qu’il remette toutes les personnes recherchées par la Cour, selon la SUNA.
Le gouvernement de transition du Soudan, qui a promis des réformes démocratiques et est dirigé par un mélange de civils et de militaires, a déjà déclaré que les suspects de crimes de guerre, y compris Al-Bashir, seraient jugés par la CPI, mais le lieu du procès doit faire l’objet de négociations avec la Cour basée à La Haye.