Une polémique sur l’apprentissage des langues dans le système d’éducation est à l’origine d’une manifestation qui se déroule à Soweto, en Afrique du Sud. Elle dégénérera en émeute, provoquant la mort de dizaines de personnes.
La politique de ségrégation raciale (apartheid) pratiquée en Afrique du Sud discrimine contre la majorité noire qui constitue environ les deux tiers de la population du pays. La contestation, portée par des mouvements comme le Congrès national africain (CNA), se développe au cours des années 60 et 70.
À l’été 1976, des lycéens se mobilisent pour protester contre la (décision des autorités de faire de l’afrikaans, d’origine européenne, une langue obligatoire dans les écoles bantoues. Le 16 juin, des milliers de jeunes participent à une manifestation pacifique à Soweto, une banlieue de Johannesburg.
Elle est interrompue par une intervention policière. Des coups de feu sont tirés et une émeute éclate, causant des dizaines de victimes. Les affrontements se multiplieront au cours de l’année -Soweto, Port-Elisabeth, etc., entraînant une sévère répression. L’écho de ces tumultes contribuera cependant à sensibiliser la communauté internationale à la situation sud-africaine. Il en résultera des pressions de plus en plus fortes en faveur de l’abolition de l’apartheid.
«Conjonction dangereuse»
La plus grande vague d’émeutes qui n’ait jamais balayé la République sud-africaine, cette «explosion de frustration, de violence et de désespoir», selon l’évêque anglican de Johannesburg, manque, en effet; par son ampleur et surtout du fait de la -conjoncture internationale dans laquelle elle s’inscrit, une date plus importante que le massacre de Sharpeville il y a seize ans.
À l’époque, dans un pays où l’arrogance du pouvoir blanc se fondait sur des certitudes inébranlables et des frontières intangibles, une révolte de gueux supportant mal la brimade des «pass» à exhiber à tout propos ne prêtait pâs à conséquence.
En 1976, il n’y a plus guère que les tenants aveugles de l’«apartheid» pour attribuer, comme vient de le faire le ministre des affaires bantoues, les émeutes de Soweto à un «malentendu» (…) Le «consensus unanime» du Conseil de sécurité de l’ONU pour condamner vigoureusement à Pretoria -la réprobation française venant rappeler qu’il ne faut pas confondre la morale et les affaires- traduit l’isolement total du régime.
La Nouvelle Expression