Les critiques selon lesquelles la Cour pénale internationale (CPI) ne s’intéresse qu’aux Africains faisaient partie d’une campagne de « propagande » menée par ceux qui voulaient discréditer la Cour, a déclaré à la BBC la procureure sortante Fatou Bensouda.
L’avocate gambienne quittera ses fonctions mercredi, après neuf ans passés au tribunal de La Haye. Elle a été la deuxième personne à occuper ce poste.
Jusqu’à présent, les 30 affaires de la CPI concernaient toutes des Africains, mais Mme Bensouda a déclaré que son bureau enquêtait désormais sur des situations dans plusieurs autres régions du monde.
Parmi celles-ci figurent la Géorgie, l’Afghanistan, les territoires palestiniens, la Colombie, le Myanmar, le Bangladesh, le Venezuela et les Philippines.
« Le travail de la CPI ne consiste pas à cibler un continent en particulier. Elle suivra les preuves », a-t-elle déclaré à Focus on Africa, dans une interview réalisée à l’occasion de son départ.
Réfléchissant à ses réalisations, elle a déclaré que les affaires qu’elle avait poursuivies avaient créé un précédent dans le droit international lorsqu’il s’agissait de traiter les violences sexuelles.
Par exemple, en 2019, le seigneur de guerre congolais Bosco Ntaganda a été la première personne à être reconnue coupable par la CPI pour le crime d’esclavage sexuel.
Il y a aussi eu des échecs, notamment les acquittements de l’ex-vice-président de la République démocratique du Congo Jean-Pierre Bemba et de Laurent Gbagbo, l’ancien président de la Côte d’Ivoire. Il y a également eu l’échec des affaires relatives aux violences qui ont suivi les élections de 2007 au Kenya.
« Il s’agit d’une cour de justice et, dans toute cour, il y a des acquittements et des condamnations », a déclaré Mme Bensouda.
« Bien sûr, en tant que bureau du procureur, nous obtenons les meilleures preuves et les présentons aux juges… il s’agit toutefois d’un travail où nous avons été confrontés à de nombreux défis. Mais quoi qu’il en soit, nous avons fait ce que nous étions censés faire en tant que procureurs dans toutes les affaires, y compris celles dans lesquelles nous n’avons pas pu obtenir de condamnation. »
L’avocat britannique Karim Khan prendra la relève de Mme Bensouda mercredi.