Ces femmes sont fréquemment forcées par des gardiens à se prostituer pour des passes facturées entre 40 et 200 euros.
Selon une enquête menée par une ONG locale, Center for Public Integrity (CIP), des détenues de la plus grande prison mozambicaine pour femmes sont fréquemment obligées par des gardiens à se prostituer pour des passes facturées entre 40 et 200 euros.
« Les femmes incarcérées dans la prison pour femmes de Ndlavela (Maputo, ndlr) sont régulièrement extraites par les gardiens pour être exploitées », révèle le rapport publié mardi.
Certaines sont sorties de leurs geôles « trois ou quatre fois par semaine pour avoir des relations sexuelles avec des personnes qu’elles disent ne pas connaître ». Après être rendue mercredi dans l’établissement la ministre de la Justice, Helena Kida a annoncé l’ouverture d’une enquête dont les résultats devraient être connus dans deux semaines.
Un réseau bien organisé
Selon le CIP, les clients sont souvent « des personnes bien placées, qui recherchent le plaisir avec des femmes qui n’ont pas eu de relations sexuelles depuis longtemps ».
En échange, ces détenues traitées comme des « marchandises qui ont un prix », et appelées « petites colombes » ou « lapins » lors des négociations avec les clients, reçoivent des traitements de faveur. Par contre, « celles qui refusent de rejoindre le réseau sont torturées et la plupart finissent par céder », souligne le rapport.
L’enquête menée par l’ONG a pris six mois. Certains enquêteurs se sont fait passer pour des clients et ont utilisé des caméras cachées. Ils ont aussi recueilli des témoignages de détenues. L’une d’elle, emprisonnée depuis deux ans, dit avoir été extraite de la prison à plusieurs reprises, pour avoir des rapports sexuels avec des inconnus dans une auberge régulièrement utilisée par les gardiens.
« Ce n’est pas un cas isolé. Le système dure depuis au moins dix ans, selon des témoignages de détenus et d’anciens détenus », a indiqué le directeur de la CIP, Edson Cortez.