Un rapport de l’ONU affirme que des membres des FACA et des instructeurs russes dépêchés dans le pays se sont rendus coupables d’abus.
Les autorités centrafricaines ont rejeté mercredi un rapport d’experts de l’ONU dénonçant des « violations du droit international humanitaire » par des militaires centrafricains et des instructeurs russes les soutenant contre les rebelles qui tentent de renverser le président Faustin Archange Touadéra.
« Il s’agit d’une volonté manifeste de ternir par tous les moyens l’image de notre institution militaire alors qu’elle continue à consentir d’énormes sacrifices pour restaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire », a déclaré Rameaux-Claude Bireau, ministre de la Défense nationale, dans un communiqué reçu par l’AFP.
Selon lui, « cette publication calomnieuse basée sur des preuves fabriquées et non vérifiées est une stratégie qui vise d’abord à saper le moral de nos troupes mais aussi à amener les Nations Unies à prendre des sanctions contre les alliés de la Russie, dont la mission de restauration de l’autorité de l’Etat compromet certainement l’action des rebelles qui sévissent dans nos provinces.
Récemment soumis au Conseil de sécurité et obtenu dimanche par le New York Times, ce document des experts chargés de surveiller l’embargo sur les armes imposé depuis 2013 à Bangui a confirmé les soupçons d’un rôle très actif des « instructeurs » russes.
Ces derniers sont souvent désignés comme des paramilitaires du groupe privé russe Wagner, réputé proche du président Vladimir Poutine, ce que Moscou dément.
Parmi les « violations du droit international humanitaire » figurent « des meurtres aveugles, l’occupation d’écoles et des pillages à grande échelle, y compris d’organisations humanitaires », indiquent les experts.
Ces derniers mois, plusieurs incidents ont opposé les casques bleus de la Mission des Nations unies en République centrafricaine (MINUSCA) à ces paramilitaires, comme des assassinats de fonctionnaires de l’ONU et des pillages, aggravant les tensions au Conseil de sécurité avec la Russie, selon des diplomates.
Le déploiement de ces paramilitaires fait partie d’une vaste offensive diplomatique et financière lancée par Moscou dans cette ancienne colonie française plongée dans une guerre civile depuis 2013, dont l’intensité a baissé depuis 2018.
Depuis fin décembre 2020, les forces gouvernementales ont réussi à reprendre aux rebelles les villes et une grande partie des deux tiers du pays qu’ils occupaient depuis plusieurs années, notamment grâce au renfort de soldats rwandais et au soutien de centaines de paramilitaires russes combattant à leurs côtés.
Dans le même temps, le gouvernement centrafricain a accordé des permis d’exploitation minière, notamment pour l’or et les diamants, à des sociétés russes. Le document indique que la Russie a reconnu la présence de « 532 instructeurs » au 18 avril. Mais « plusieurs sources estiment que ce chiffre est considérablement plus élevé, allant de 800 à 2 100 », précisent les experts.