Le gouvernement éthiopien a pris la décision de se retirer et de déclarer un cessez-le-feu dans le Tigré au terme d’un processus qui a duré au moins un mois, a déclaré le Premier ministre Abiy Ahmed.
Il a déclaré qu’ils ont eu des réunions avec l’élite, les investisseurs, le public ainsi que les chefs militaires, dont certains ont exprimé des inquiétudes quant à la nécessité de poursuivre le conflit.
Il a ajouté que le gouvernement a désormais répondu à la menace posée par l’administration du Front populaire de libération du Tigré (TPLF) en reprenant les armes qu’elle avait prises au commandement nord.
« Lorsque nous regardons les résultats, la junte a été traduite en justice, les armes qu’elle avait prises sont maintenant entre nos mains, les forces de défense ont été réorganisées », a-t-il déclaré lundi aux représentants du Parlement dans la capitale Addis-Abeba.
Il a déclaré qu’avant la réorganisation, une partie des forces travaillait contre le gouvernement, notant que leurs tentatives de créer des divisions au sein de la population avaient maintenant été traitées.
Il a déclaré que la déclaration de cessez-le-feu était un moment « pour que tout le monde réfléchisse » et tire des leçons de ce qui se passe au Tigré.
M. Abiy a déclaré que l’Éthiopie se concentrait désormais sur la réinstallation des personnes déplacées par le conflit, la finalisation des projets de développement et la lutte contre la pandémie de Covid-19, entre autres.
La semaine dernière, les forces rebelles du Tigré ont repris la capitale, Mekelle, provoquant des célébrations dans les rues et forçant les fonctionnaires à fuir. Le gouvernement a annoncé un cessez-le-feu unilatéral le jour même de la reprise de la capitale.
Si on regarde la vérité: Victoire du TPLF dans le Tigré en Ethiopie? « Let them go! »
Les médias occidentaux ont donné un large écho à la reconquête de la capitale du Tigré par les opposants du TPLF en Ethiopie. Une victoire pour la milice après de longs mois d’affrontement? Ou une victoire à la Pyrrhus orchestrée par le gouvernement éthiopien?
Le 29 juin, Yemane G. Meskeli, ministre érythréen de l’information, a écrit sur Twitter que les milices du
TPLF avaient « repris » la ville de Meleke, capitale du Tigré: « Les trolls du TPLF – et leurs acolytes – sont incapables d’apprendre de l’histoire contemporaine et de toutes leurs défaites (Igri Mekel, Adi-Begiao, front Assab, Tsorona/2016 et de leurs dernières débâcles militaires) ii. Ils sont incapables de comprendre la signification des mots « GAME OVER »”.
Pour être honnête, je n’ai pas compris immédiatement ces mots au moment où j’ai vu dans « nos médias » les milices du TPLF traverser triomphalement la capitale du Tigré. D’après ce que de nombreux amis éthiopiens et érythréens ont écrit sur Twitter et Facebook, des articles encore limités des médias éthiopiens et suite à ma conversation avec Mohamed Hassan, expert de l’Éthiopie et de l’Afrique, je commence à comprendre la véritable signification de ce qui s’est déroulé au Tigré ces derniers jours et ce à quoi, le Tigré doit encore faire face.
Le gouvernement éthiopien a apparemment choisi de laisser partir le Tigré. Les efforts considérables déployés par le gouvernement pour assurer l’ordre, la paix et la sécurité de la population depuis que le Tigré est repassé sous l’autorité du gouvernement central n’ont guère porté leurs fruits. L’aide et le soutien financier massifs ont été sabotés et sapés.
Revenons un instant sur ce qui a précédé. Les séparatistes du TPLF ont lancé leur attaque meurtrière le 5 novembre de l’année dernière, lors d’un mois de récolte. Après 14 jours, l’armée éthiopienne est parvenue à rétablir l’ordre après avoir brisé l’épine dorsale des milices du TPLF. Une aide massive a été fournie par la Croix-Rouge éthiopienne et internationale. Le « Grand Tigré » vaincu a dû abandonner les régions fertiles qu’il avait volées aux Amharas et aux Afarsiii dans les années 90, et se replier sur son « heimat » aride. Plus aucune frontière avec le Soudan. Le rêve de créer un jour une percée vers la mer Rouge a également pu être oublié. Les provocations du TPLF en novembre 2020 pour impliquer l’Érythrée dans le conflit n’ont pas abouti malgré leur bombardement d’Asmara. Ils ont dû fuir les zones érythréennes que le TPLF occupait depuis longtempsiv.
“Game over !”
Cependant, la « communauté internationale » est venue en aide aux survivants (le TPLF était au pouvoir à Addis-Abeba depuis près de trente ans et il avait mis en place, pendant cette période, un réseau « international » de corruption).Les États-Unis et l’UE n’étaient pas encore prêts à lâcher complètement leur « chouchou ».
Au moment de son effondrement à la fin de l’année dernière, le TPLF avait détruit les infrastructures, libéré 5000 prisonniers de droit commun, qui pillaient dans le chaos. Les zombies du TPLF ont continué à commettre des assassinats et à semer la terreur. Le gouvernement éthiopien était confronté à une tâche impossible, malgré tous ses efforts.
L’actuel Premier ministre, M. Abiy, a récemment remporté les élections en Éthiopiev, malgré les énormes problèmes auxquels ce pays est confronté. Il a reçu le soutien de la population en raison de son approche au Tigré : vaincre le TPLF et restituer le territoire des autres peuples.
Maintenant, cela a suffi pour les 95% de la population en Éthiopie. « Le Tigré (avec ses 5% de la population éthiopienne) ne mérite plus d’être soutenu par des millions de dollars, les soldats éthiopiens ne méritent pas d’être tués au Tigré »… « Laissez-les partir ! ». « Qu’ils les laissent suivre leur plan… » dit le peuple d’Ethiopie. Le gouvernement et l’armée éthiopiens ont décrété un cessez-le-feu unilatéral à la fin du mois de juin. Les zombies du TPLF en ont profité pour réoccuper la capitale. L’armée, les fonctionnaires et les travailleurs humanitaires éthiopiens se sont complètement retirés du Tigré.
Dans tous les médias occidentaux, la « victoire » du TPLF est largement médiatisée. Mais cette « victoire » est pire qu’une victoire à la Pyrrhus.
Le TPLF n’a nulle part où aller
Il n’a pratiquement pas d’armes, pas d’accès à l’étranger, pas d’agriculture et d’industrie développées, une infrastructure détruite, un manque de communication, plus de soutien financier du gouvernement central, pas de sympathie des peuples et des gouvernements de la Corne de l’Afrique, du continent africain et du monde arabe.
Washington – contrairement à ce que l’on pourrait penser – est très mécontent de cette « victoire ». L’actuelle situation instable était favorable à l’Occident pour exiger des « interventions humanitaires » et intervenir dans les affaires internes de l’Éthiopie. Le conflit au Tigré a été un tremplin pour reconquérir l’Éthiopie et la Corne de l’Afrique ( » America is back again « … après plus de 3 années de » négligence » des États-Unis sous l’administration Trump). Maintenant que le TPLF « a le pouvoir » dans sa pauvre région isolée, le TPLF est seul.
Mohamed Hassan, expert en Afrique et Ethiopien, note avec sarcasme : « C’est maintenant à l’Occident de ‘sauver’ la région. Les États-Unis vont-ils vouloir et pouvoir sauver leur nouveau 51ème État ? La balle est maintenant dans leur camp et non plus dans celui de l’Éthiopie. Cela signifie la fin du chantage ».
Pendant ce temps, l’Érythrée assiste en tant que « tierce partie » à ce spectacle dramatique, où la population du Tigré va une fois de plus faire les frais des bandits du TPLF.
À suivre
Source: le site « Investig’Action »