L’opposant béninois Joël Aivo, détenu depuis la mi-avril après avoir été empêché de se présenter aux élections présidentielles, a comparu jeudi devant un tribunal, où ses avocats ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme une arrestation arbitraire.
Plusieurs dirigeants de l’opposition dans cet État d’Afrique de l’Ouest ont été arrêtés avant ou juste après le scrutin du 11 avril, qui a vu le président Patrice Talon remporter un second mandat avec plus de 86 % des voix.
Aivo, arrêté le 15 avril et accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat, est jugé par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) dans la capitale administrative, Porto-Novo.
L’avocat de la défense, Barnabe Baglo, a accusé l’accusation de perdre du temps en essayant de déclarer le tribunal incompétent pour entendre l’affaire et en laissant le dossier de procédure vide.
« Il n’y a rien dans le dossier, c’est un dossier vide », a-t-il déclaré. « Nous avons déjà perdu trois mois ».
Le procès est reporté au 5 août.
Un autre de ses avocats, Ludovic Hennebel, a déclaré à l’AFP avant l’audience qu’Aivo était « détenu arbitrairement dans des conditions inhumaines, cruelles et dégradantes (…) pour le punir de sa dissidence politique et pour avoir parlé à des journalistes français. »
La CRIET, un tribunal spécial créé en 2016, est souvent accusée de servir d’outil au régime pour réprimer l’opposition.
Une autre grande figure de l’opposition, Reckya Madougou, a été arrêtée avant l’élection.
Madougou est accusée d’avoir comploté des actes terroristes pour saper le scrutin, une accusation que son avocat a rejetée comme étant politiquement motivée.
Autrefois loué pour sa démocratie multipartite dynamique, le Bénin a, selon ses détracteurs, viré au régime autoritaire sous l’ancien magnat du coton Talon.
À l’approche du scrutin, deux personnes ont été tuées lorsque les troupes ont ouvert le feu pour libérer des manifestants de l’opposition qui bloquaient une grande route dans le centre du pays.