C’est une rencontre très attendue. Le président Alassane Ouattara rencontrera mardi son prédécesseur Laurent Gbagbo pour la première fois depuis que les deux hommes se sont affrontés lors du conflit post-électoral de 2010-2011, il y a plus de dix ans.
Le conflit qui a éclaté a fait plus de 3 000 morts. Après son éviction, M. Gbagbo s’est rendu à La Haye pour y être accusé de crimes contre l’humanité.
Nombreux sont ceux qui, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, espèrent que cette rencontre constituera un pas de plus vers la réconciliation nationale et contribuera à enterrer la hache de guerre entre les deux hommes politiques, qui restent à ce jour les hommes les plus influents de Côte d’Ivoire.
Les commentateurs scruteront la réunion de mardi à la recherche de signes indiquant que les deux anciens rivaux ont enterré la hache de guerre, renforçant ainsi les espoirs de guérison nationale après les affrontements sanglants de l’année dernière.
Mais le porte-parole de M. Gbagbo, Justin Katinan Koné, a exhorté le public à « ne pas accorder trop d’importance » à cette rencontre. « C’est une visite de courtoisie à son aîné […]. Si cela permet de détendre l’atmosphère politique, tant mieux », a-t-il déclaré.
« Laurent Gbagbo est dans un esprit d’ouverture, de dialogue et de réconciliation », a déclaré lundi à l’AFP Franck Anderson Kouassi, porte-parole du parti de Laurent Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI).
« Rencontrer le président Ouattara correspond exactement à notre façon de penser ».
Le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, a déclaré que le Dialogue en Côte d’Ivoire « va se poursuivre, parce que c’est la volonté du gouvernement ».
C’est aussi la première fois depuis que Gbagbo est rentré d’Europe le mois dernier, où il a gagné un procès historique à la Cour pénale internationale (CPI). Il a été acquitté de crimes tels que meurtre, viol et persécution.
Après l’atterrissage de l’ancien président en Côte d’Ivoire le mois dernier, beaucoup se demandent si Laurent Gbagbo va faire son retour officiel en politique, ou s’il va prendre du recul par rapport à son statut vénéré auprès de ses partisans du Front populaire ivoirien.
L’analyste Rodrigue Kone a déclaré que la rencontre tant attendue « n’effacera pas leurs énormes différences, mais elle fait avancer leur relation. »
Selon lui, du côté de Ouattara, « cette rencontre est perçue comme une reconnaissance par Gbagbo de la légitimité de Ouattara, ce qui n’a jamais été exprimé auparavant de manière aussi visible et officielle ».
Cette rencontre reste néanmoins un signe d’espoir pour la Côte d’Ivoire, désireuse de mettre fin à une décennie de tensions.