Plusieurs centaines de personnes sont descendues dans la rue jeudi à N’Djamena, la capitale du Tchad, pour protester contre la junte militaire au pouvoir.
Le mouvement d’opposition Les Transformateurs, ainsi que plusieurs groupes de la société civile, avaient appelé la population à s’opposer à ce qu’ils considèrent comme une « confiscation du pouvoir » par le Conseil militaire de transition (CMT), au pouvoir depuis la mort du président Idriss Deby Itno en avril.
Le CMT est dirigé par le fils du défunt président, le général quatre étoiles Mahamat Idriss Deby, âgé de 37 ans, qui a consolidé presque tous les pouvoirs autour de lui-même et de 14 généraux proches de son père.
Ils ont exigé la tenue d’une conférence nationale pour réviser la charte de la junte et rétablir la démocratie dans l’ancienne colonie française.
« Nous marchons pour exiger le rétablissement de la démocratie et de la justice – les signes d’une paix véritable -« , a déclaré un manifestant de 22 ans, dont le seul nom est Narcisse, brandissant une pancarte sur laquelle on pouvait lire « Non à la monarchie ».
Certains ont également appelé à la fin de la violence.
« Je suis sortie aujourd’hui pour dire stop aux violences faites aux femmes. Parce que nous, les femmes, nous subissons beaucoup de violences. Et aujourd’hui je suis sortie en tant que citoyenne, en tant que membre d’une organisation de la société civile pour dire non, non à l’impunité des auteurs de ces violences », a déclaré à l’AFP une manifestante, Épiphanie Dionrang.
Certains manifestants ont exprimé un sentiment anti-français avec des pancartes indiquant « La France hors du Tchad », et en brûlant des drapeaux français.
Le président français Emmanuel Macron a rencontré les nouveaux dirigeants alors qu’il assistait aux funérailles d’Idriss Deby Itno — le seul chef d’État occidental à faire le déplacement.
« La France doit choisir le peuple tchadien comme partenaire de dialogue, et pas seulement un petit groupe d’individus », a déclaré Max Loalngar, porte-parole du groupe d’opposition Wakit Tamma.
« Sinon, elle sera l’éternel ennemi du peuple tchadien ».
Première manifestation de l’opposition depuis des mois
C’est la première fois depuis que Mahamat Idriss Déby a pris le pouvoir à la tête du Conseil militaire de transition (CMT) en avril. Qu’une manifestation de l’opposition a été autorisée dans le pays.
Les forces de sécurité ont été massivement déployées le long du parcours de trois kilomètres sur une avenue centrale de la capitale, mais la manifestation a été largement pacifique. Un soulagement pour de nombreux manifestants.
« J’ai un sentiment de satisfaction, satisfaction parce que nous avons pu défiler sans qu’il y ait d’affrontements. Nous avons démontré, comme Max (Loalngar, porte-parole de Wakit Tamma, ndlr) l’a dit tout à l’heure, que nous sommes matures, que nous sommes capables, que nous sommes responsables de mener une marche vraiment pacifique, ce que pour une fois on nous a permis de faire », a déclaré Mahamat Nour Ibedou, membre de la coalition Wakit Tamma.
La junte au pouvoir a déclaré que des élections démocratiques seraient organisées à la fin d’une période de transition de 18 mois.
Mais avec la dissolution du parlement et l’abrogation de la constitution, de nombreux Tchadiens craignent pour l’avenir de la démocratie.