« Alors que nous continuons à nous battre contre le virus avec détermination, parce qu’à quelques milliers de kilomètres d’ici un tournant historique est à l’œuvre, en Afghanistan, loin de nos frontières, mais avec des conséquences majeures pour l’ensemble de la communauté internationale, pour l’Europe, et pour la France », a déclaré le président français, Emmanuel Macron lors d’une allocution télévisée ce lundi depuis le Fort de Brégançon, au lendemain de l’arrivée des talibans dans Kaboul.
Le chef de l’Etat français a annoncé l’envoi de deux avions militaires des forces spéciales françaises pour aller récupérer les derniers ressortissants français encore en Afghanistan, qui devraient arriver « d’ici quelques heures », alors que les vols sont suspendus depuis l’aéroport de Kaboul.
« A l’heure où je vous parle les talibans sont maîtres de la quasi-totalité du pays. Le président afghan a quitté le pays, les vols commerciaux ont cessé. Ce tournant nécessite des mesures immédiates pour répondre à l’urgence humanitaire. L’urgence absolue est de mettre en sécurité nos compatriotes, qui doivent tous quitter le pays, ainsi que les Afghans qui ont travaillé pour la France », a affirmé Emmanuel Macron.
Le président français a également rappelé l’historique de la présence française en Afghanistan. « Notre pays a été, pendant treize ans, engagé militairement en Afghanistan, de 2001 à 2014. Le président Chirac, dès octobre 2001 a décidé la participation de la France à l’action internationale (…) Avec un objectif clair: combattre une menace terroriste qui visait directement notre territoire et celui de nos alliés depuis l’Afghanistan, devenu le sanctuaire du terrorisme islamiste. »
« A partir de juin 2011, le président Nicolas Sarkozy a décidé du retrait des troupes françaises, la France estimant souverainement que sa mission en Afghanistan était accomplie. Le président François Hollande a décidé du retrait complet de nos forces combattantes le 31 décembre 2014, avec une action civile maintenue sur place auprès du peuple afghan », a-t-il poursuivi.
« En Afghanistan, notre combat était juste et c’est l’honneur de la France de nous y être engagés. La France n’y a jamais eu qu’un ennemi : le terrorisme. Nous n’oublierons pas nos soldats. Nous n’oublierons pas nos morts, 90 au total », a souligné Emmanuel Macron.
Le chef de l’Etat français s’est aussi exprimé sur ses échanges avec les dirigeants européens, dont le Premier ministre britannique Boris Johnson et la chancelière allemande, Angela Merkel.
« Au-delà de l’urgence, j’entends prendre au nom de la France plusieurs initiatives en lien étroit avec les autres Etats européens et nos alliés. Notre action visera d’abord à continuer de lutter activement contre le terrorisme islamiste sous toutes ces formes. Nous porterons donc, en lien avec la République fédérale d’Allemagne et d’autres Européens, une initiative pour construire sans attendre une réponse robuste, coordonnée et unie qui passera par la lutte contre les flux irréguliers, la solidarité dans l’effort, l’harmonisation des critères de protection, et la mise en place de coopérations avec les pays de transit », a-t-il indiqué.
« La déstabilisation de l’Afghanistan risque également d’entraîner des flux migratoires irréguliers vers l’Europe. La France fait et continuera de faire son devoir pour protéger celles et ceux qui sont les plus menacés », a-t-il prévenu, réaffirmant que « l’Afghanistan ne doit pas redevenir le sanctuaire du terrorisme qu’il a été. C’est un enjeu pour la paix et la stabilité internationale, contre un ennemi commun, le terrorisme et ceux qui le soutiennent. »
« Le peuple afghan a le droit de vivre dans la sécurité et le respect de chacun. Les femmes afghanes ont le droit de vivre dans la liberté et la dignité. Le destin de l’Afghanistan est entre ses mains mais nous resterons fraternellement aux côtés des Afghans et des Afghanes », a-t-il conclu.