Le gouvernement du Burkina Faso a démissionné mercredi soir après plusieurs manifestations de la population dénonçant son incapacité à lutter contre les attaques djihadistes récurrentes qui sévissent chaque semaine dans le pays d’Afrique de l’Ouest.
Christophe Joseph Dabiré, Premier ministre burkinabé, a remis mercredi une lettre de démission au président Roch Marc Christian Kaboré, qui l’a acceptée.
« Il est mis fin aux fonctions de Premier ministre de M. Dabiré », a déclaré à la télévision publique le secrétaire général du gouvernement, Stéphane Wenceslas Sanou, en lisant un décret présidentiel.
La démission du Premier ministre entraîne automatiquement la démission du gouvernement, selon la loi burkinabé.
Conformément à la loi, « les membres du gouvernement sortant sont chargés de la gestion courante des départements ministériels jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement », a précisé Sanou.
« J’invite tous les Burkinabè à se mobiliser pour soutenir le Président du Faso et le nouvel exécutif qui sera mis en place. Je reste convaincu que c’est dans l’unité d’action que nous pourrons relever les défis auxquels notre pays et notre peuple sont confrontés, » a déclaré Dabiré sur sa page Facebook.
Depuis plusieurs semaines, la colère monte contre l’exécutif.
Le 9 novembre, l’opposition a exigé des « mesures urgentes » pour faire face à la « détérioration de la situation sécuritaire » dans un délai d’un mois.
Et le 27 novembre, des centaines de manifestants sont descendus dans la capitale Ouagadougou pour dénoncer « l’incapacité » du gouvernement à contrer les violences djihadistes qui ont frappé le pays.
Spirale de violence
Les organisations de la société civile ont exigé le départ du chef de l’Etat. Une dizaine de personnes dont un enfant et deux journalistes ont été blessés dans la dispersion de ces marches.
Le gouvernement actuel est confronté à la frustration de la population face aux attaques djihadistes qui frappent le pays chaque semaine. Ils ont tué environ 2 000 personnes et déplacé 1,4 million de personnes depuis 2015.
L’attentat du 14 novembre contre un détachement de gendarmerie à Inata (nord), l’un des plus meurtriers contre les forces de sécurité, a choqué le pays : au moins 57 personnes, dont 53 gendarmes, ont été tuées par des djihadistes armés.
Deux semaines avant l’attaque, les gendarmes d’Inata avaient alerté l’état-major de leur situation précaire, affirmant qu’ils manquaient de nourriture et se débrouillaient grâce au braconnage.
Le Burkina Faso est pris dans une spirale de violence depuis 2015, attribuée aux groupes djihadistes armés affiliés à al-Qaïda et au groupe État islamique.
Les attaques visant les civils et les militaires sont de plus en plus fréquentes et largement concentrées dans le nord et l’est du pays.
Fin novembre, le président Kaboré a annoncé de nouvelles mesures, soulignant « la nécessité de former une équipe gouvernementale plus resserrée et plus cohérente.
Le président burkinabé a également annoncé le lancement la semaine prochaine d’une « opération mains propres, pour vider tous les dossiers de corruption en suspens et éclaircir toutes les affaires qui polluent le quotidien des Burkinabés épris de bonne gouvernance et de démocratie.
En poste depuis janvier 2019, le Premier ministre Christophe Dabiré, ancien commissaire chargé du commerce, de la concurrence et de la coopération de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa), avait été reconduit dans ses fonctions en janvier 2021, après la réélection de M. Kaboré pour son mandat. deuxième et dernier mandat.
Kaboré a été élu en novembre 2015, un an après que son prédécesseur Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987, ait été évincé par la rue pour avoir cherché à amender la constitution pour conserver son poste.
Mais le nouveau président est confronté depuis son entrée en fonction à une dégradation progressive de la situation sécuritaire dans le pays, qui ne s’est pas encore enrayée.