Un tribunal militaire camerounais a condamné cette semaine 47 membres de partis d’opposition à entre un et sept ans de prison pour rébellion et tentative d’insurrection. La police a arrêté des partisans du Mouvement de la renaissance du Cameroun, ou MRC, en septembre 2020 alors qu’ils préparaient des manifestations contre les 40 ans de règne du président Paul Biya.
Plus de 20 partisans du Mouvement d’opposition pour la renaissance du Cameroun (MRC) se tenaient mercredi matin devant la maison du leader du MRC, Maurice Kamto.
Ils ont déclaré à un journaliste qu’ils attendaient des nouvelles de Kamto après qu’un tribunal militaire de Yaoundé a condamné cette semaine 47 de ses partisans à jusqu’à sept ans de prison.
Le tribunal a condamné lundi et mardi les 47 membres de l’opposition à entre un et sept ans de prison pour tentative d’insurrection.
La porte-parole, la trésorière, la coordinatrice et la présidente de l’aile féminine du parti MRC faisaient partie des mandats de sept ans.
Emmanuel Koanye, un marchand de pain de 41 ans, faisait partie de ceux qui dénonçaient les peines de prison.
Il dit qu’il est très mauvais et anormal que les autorités, qui se prétendent démocrates, ordonnent l’arrestation et la condamnation de personnes qui ont simplement exprimé leurs opinions démocratiques. Koanye dit qu’ils s’attendent à ce que Maurice Kamto, chef du parti MRC, donne des directives sur ce qu’il faut faire pour faire pression pour la libération des partisans de l’opposition emprisonnés.
La police camerounaise a arrêté les membres de l’opposition en septembre 2020 alors qu’ils préparaient des manifestations contre le long séjour au pouvoir du président Paul Biya.
Biya a gouverné le Cameroun pendant quatre décennies, faisant de lui le deuxième dirigeant le plus ancien d’Afrique.
Kamto affirme qu’il a remporté l’élection présidentielle d’octobre 2018 au Cameroun et que Biya lui a volé sa victoire.
Plus de 500 civils qui ont protesté contre la répression ont également été arrêtés.
Le MRC indique que plus de 120 personnes sont toujours détenues dans des prisons à travers le Cameroun.
Contactés par VOA, les responsables du MRC ont refusé de commenter la condamnation de leurs membres cette semaine.
Le président du Parti socialiste démocrate uni (USDP) d’opposition, le prince Ekosso, a assisté à la condamnation du tribunal militaire.
Ekosso dit que la décision montre que Biya écrasera ses opposants pour maintenir son emprise sur le pouvoir.
« C’est tellement troublant qu’au Cameroun, les lois soient faites pour s’adapter aux caprices des individus, pour procéder à des intimidations, des arrestations arbitraires et des condamnations d’individus », a déclaré Ekosso. « Les lois sont censées être faites pour protéger les individus, pour protéger les citoyens et pour aider ces citoyens à s’émanciper. »
L’USDP et le MRC ont fait pression pour un changement du code électoral du Cameroun, qui, selon les partis d’opposition, favorise le président Biya.
Le chef du MRC, Kamto, a déclaré qu’il prévoyait de mobiliser des partisans pour protester pacifiquement contre les réformes électorales au Cameroun à partir du 9 janvier.
Le Cameroun accueille la Coupe d’Afrique des nations de football d’un mois, le premier tournoi de football du continent, à partir du 9 janvier.
Le ministre camerounais de l’administration territoriale, Paul Atanga Nji, a déclaré que les autorités n’autoriseraient pas les manifestations à libérer les dirigeants de l’opposition emprisonnés ou à modifier le code électoral.
Nji a déclaré que le Cameroun ne tolérerait pas le désordre que le gouvernement est conscient que les partisans du MRC et leur chef Maurice Kamto prévoient. Il dit que tous les partisans et dirigeants du MRC qui tentent de violer les lois camerounaises seront arrêtés et seront inculpés devant les tribunaux.
L’organisation de défense des droits Amnesty International accuse le gouvernement Biya de réprimer sans relâche les membres de l’opposition.
En janvier 2019, les autorités ont arrêté Kamto et plusieurs centaines de ses partisans pour avoir insisté sur le fait que Biya avait volé l’élection présidentielle de 2018.
La pression internationale a conduit Biya à gracier Kamto, mais seulement après avoir passé neuf mois en prison.