Ce qui se passe au Burkina Faso où l’armée dit avoir renversé lundi le président Roch Kaboré pourrait avoir un lien avec la situation de crise persistante entre le Mali et la Cédéao et la tension diplomatique entre le Mali et la France. Analyse.
C’est dans un scénario proche des deux putschs organisés par le colonel Assimi Goïta au Mali que le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a pris le pouvoir au Burkina Faso au nom du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (Mpsr). Comme dans un effet domino, où une réaction en chaîne peut se produire lorsqu’un changement provoque un changement comparable à proximité, qui provoquera un autre changement similaire, et ainsi de suite au cours d’une séquence linéaire, le Burkina Faso semble suivre les traces du Mali. Comme au Mali où les populations soutiennent les autorités de ia transition, en particulier le Colonel Assimi Golta, le peuple burkinabé soutient le Mali et les mutins burkinabé qui viennent de renverser le président Roch Marc Christian Kaboré.
Soutien du peuple burkinabé au peuple malien
C’est après ia répression des manifestations populaires promaliennes que des militaires burkinabés ont fait entendre des coups de feu le dimanche 23 janvier 2022 dans plusieurs casernes à travers le pays, dont celles de Sangoulé Lamizana et de Baba Sy. Les mutins réclamaient le départ des chefs de l’armée et des «moyens adaptés» à la lutte contre les jihadistes.
C’est depuis 2015 que le Burkina Faso est plongé dans une spirale de violences attribuées à des groupes armés jihadistes, affiliés à Al- Qaïda et au groupe État islamique. Les attaques visent aussi bien les civils que les militaires. Ces officiers ont également annoncé le lundi 24 janvier 2022 avoir renversé le président Roch Kaboré.
Les populations burkinabés avaient décidé de manifester en soutien aux millions de Maliens qui s’étaient mobilisé massivement à Bamako à l’appel des autorités de la transition maliennes, contre les sanctions économiques et diplomatiques imposées par la Cédéao et l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa).
Ce n’est pas surprenant que dans un communiqué lu à la télévision nationale burkinabé, des officiers aient annoncé la suspension de la Constitution, la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale. Ils ont aussi annoncé la fermeture des frontières. Ces mutins ont pris l’engagement de procéder «dans un délai raisonnable» au retour à un ordre constitutionnel. Des sources font savoir que le président Kaboré serait détenu par l’armée dans un camp militaire.
Soutien de Conakry à Bamako
Par ailleurs, le président de la transition de Guinée, le Colonel Mamadi Doumbouya a déjà apporté son soutien à son homologue malien Assimi Goïta. On se rappelle qu’au lendemain des sanctions annoncées par la Cédéao contre le Mali, le colonel Mamadi Doumbouya, a exprimé sa solidarité avec le colonel Assimi Goïta. Ne reconnaissant pas la Guinée dans les mesures prises par la Cédéao, Conakry a réagi.
Un communiqué officiel lu à la télévision publique guinéenne a annoncé que «les frontières aériennes et terrestres resteront ouvertes avec le Mali, conformément à la vision panafricaniste» de la Guinée. La Guinée, qui connaît une situation similaire à celle du Mali, a été suspendue des instances de la Cédéao, avec des sanctions économiques ciblées.
Le gouvernement malien, qui résiste à la France et fait face aux sévères sanctions économiques de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest(Cédeao), a récemment déclaré qu’il portera plainte auprès des juridictions compétente contre les sanctions économiques imposées par la Cédéao et l’Uemoa. Ceci en dépit du fait que la Cédéao soit désormais disposée «à accompagner le Mali pour le retour à l’ordre constitutionnel à travers des élections crédibles dans un délai raisonnable et réaliste». C’est que les autorités maliennes ont définitivement changé de cap en renforçant la coopération militaire et économique avec la Russie. Au détriment de la France.
Considérations géopolitiques
Comme la République centrafricaine qui a fait recours à la Russie et au Rwanda pour mater la rébellion et ramener la stabilité au pays. Au détriment aussi de la France. Choguel Maiga a été clair: «Nous avons élaboré un Plan de riposte contre ce processus pour sauvegarder la souveraineté de l’Etat malien, son intégrité territoriale. Il y a des mesures à caractère juridique qui vont être prises», a-t-il dit. Avant d’ajouter que «la finalité des sanctions illégales et illégitimes de la Cédéao et i’Uemoa est de déstabiliser l’Etat malien et d’achever un peuple déjà à terre».
Le Premier ministre malien affirme quVen comparant ces sanctions aux textes fondamentaux de ces organisations, il y a eu un abus de pouvoir. On a choisi, l’Etat d’extrême faiblesse du Mali dans lequel il s’est retrouvé à cause des considérations d’ordres géopolitiques», a-t-il précisé.
À l’issue d’un sommet extraordinaire à Accra, au Ghana, la Cédéao avait annoncé le dimanche 9 janvier dernier des sanctions économiques, financières et diplomatiques très dures: le gel des actifs et des avoirs maliens au sein de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (Bceao), la suspension des aides financières, la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays membres de l’organisation et le Mali, la suspension de toutes les transactions commerciales.
Ainsi que le retrait des ambassadeurs de tous les pays membres au Mali. Ceci à l’exception des produits de première nécessité notamment pharmaceutiques, les fournitures et équipements médicaux, ainsi que le matériel pour le contrôle de la Covid-19 et des produits pétroliers et électricité.
La Nouvelle Expression