Les procureurs burkinabés ont requis une peine de 30 ans pour Compaoré pour le meurtre de Sankara, mais un tribunal de Ouagadougou l’a condamné mercredi à la prison à vie.
L’ancien président Blaise Compaoré a été condamné mercredi à la prison à vie pour le meurtre de Sankara. Le verdict intervient 6 mois après le début du procès de 14 accusés (dont Compaoré) dans l’assassinat du vénéré dirigeant panafricain du Burkina Faso.
Outre Compaoré, ils sont deux condamnés à la prison à vie. Hyacinthe Kafando soupçonné d’avoir dirigé le commando qui a assassiné Thomas Sankara et le commandant de la garde de Compaoré au moment des faits. Ainsi que le général Gilbert Diendéré, l’un des chefs d’armée du putsch de 1987.
Blaise Compaoré est en exil en Côte d’Ivoire depuis sa chute tandis que le sort de Hyacinth Kafando est inconnu depuis 2016.
Les trois hommes ont été reconnus coupables d' »atteinte à la sûreté de l’Etat ». Blaise Compaoré et Gilbert Diendéré ont également été reconnus coupables de « complicité de meurtre » et Hyacinthe Kafando, soupçonné d’avoir dirigé le commando qui a tué Thomas Sankara, de « meurtre ».
Ils ont quinze jours pour faire appel de ces lourdes peines.
Verdict tant attendu
Le parquet avait demandé au tribunal militaire de déclarer M. Compaoré coupable par contumace d' »atteinte à la sûreté de l’Etat », de « recel de cadavre » et de « complicité de meurtre », l’accusant d’être le principal commanditaire de l’assassinat de Sankara et de 12 de ses collègues.
Les juges sont allés au-delà des exigences du parquet militaire, qui avait requis 30 ans de prison pour Compaoré et Kafando et 20 ans pour Diendéré.
Huit autres accusés ont été condamnés entre trois et 20 ans de prison. Trois accusés ont été acquittés.
Le verdict a été salué par des applaudissements dans la salle d’audience. Ce procès historique s’est ouvert en octobre 2021, 34 ans après la mort de Sankara, icône panafricaine, assassiné lors d’un coup d’État qui a porté Blaise Compaoré au pouvoir.
Ses avocats avaient d’emblée dénoncé « un procès politique » devant « un tribunal d’exception », estimant que la procédure « ne vaut rien ». M. Compaoré était soupçonné d’être le cerveau de l’assassinat de son ancien compagnon d’armes et ami arrivé au pouvoir par un putsch en 1983, ce qu’il a toujours nié.
Pas de « vengeance »
La plupart des 12 accusés présents, dont le général Diendéré, ont plaidé non coupable et les avocats de la famille Sankara ont regretté qu’aucun d’entre eux n’ait avoué ou ne se soit repenti. « Personne ! Nous demandons au tribunal de rendre justice aux familles. Nous ne voulons pas de vengeance, nous voulons juste la justice », a déclaré l’un d’eux, Prosper Farama.
Thomas Sankara, arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1983, a été tué avec douze de ses compagnons par un commando lors d’un meeting au siège du Conseil national de la révolution (CNR) à Ouagadougou. Il avait 37 ans.
La mort de Thomas Sankara, qui voulait « décoloniser la conscience » et perturber l’ordre mondial en défendant les pauvres et les opprimés, a été un sujet tabou pendant les 27 ans de règne de M. Compaoré, expulsé après une soulèvement en 2014.