Le président sortant Emmanuel Macron a été réélu ce dimanche avec plus de 58% des voix au second tour de l’élection présidentielle. Sa concurrente Marine Le pen, candidate du Rassemblement national a récolté plus de 41%, selon les résultats provisoires annoncés par l’institut de sondage Elabe à l’issue du scrutin. Le taux d’abstention est estimé autour de 28%.
Le président Macron souhaite gouverner différemment pour les cinq années à venir, avec un projet politique ambitieux, annoncé pendant la campagne et amélioré par endroit pendant l’entre-deux-tours. Il faut « une méthode différente, une manière de faire au niveau plus local » en faveur des plus modestes, a-t-il déclaré. M. Macron a ainsi annoncé une série de mesures sociales à réaliser « d’urgence » dès le début de ce second quinquennat.
Il s’agit, notamment du maintien des boucliers gaz et d’électricité, et de l’augmentation des retraites de 4% (indexation sur l’inflation) pour améliorer, « dès cet été », le pouvoir d’achat des Français. Il est également prévu dans ce volet social, la baisse des impôts de 15 milliards d’euros par an jusqu’en 2027.
Ce second mandat sera aussi celui de la continuité en matière de réforme. M. Macron compte ainsi poursuivre sa réforme des retraites, en augmentant « progressivement d’ici 2030 », l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans, et faire passer dès cet été la retraite minimum de 980 à 1100 euros le mois pour une carrière complète.
« La réforme que je propose est différente de celle de 2017. La société est tellement fracturée qu’il faut aussi de la bienveillance », a déclaré le candidat pendant la campagne, faisant ainsi allusion à la forte mobilisation sociale contre sa réforme initiale, suspendue en raison de la crise sanitaire. Il poursuivra également les réformes du marché du travail pour parvenir au plein emploi, soit un taux de chômage à moins de 5%, d’ici à la fin du nouveau quinquennat, ou encore les réformes de l’assurance-chômage pour l’adapter à la conjoncture.
L’écologie, une des principales préoccupations des jeunes, sera également au cœur de ce nouveau mandat de M. Macron. Le candidat de la République en Marche qui a amélioré le volet écologie de son programme au second tour de la présidentielle pour attirer des voix de gauche, a indiqué que son futur premier ministre serait chargé de la planification écologique.
Deux ministres supplémentaires seront nommés, le premier en charge de la « planification énergétique » et le second chargé de la « planification écologique territoriale ». Le président Macron a promis la poursuite de la rénovation thermique des bâtiments pour les cinq années à venir, la fermeture de 50 grandes décharges à ciel ouvert ou encore l’acquisition d’un véhicule électrique, ciblée sur les ménages « modestes ».
L’objectif à long terme du nouveau projet politique de M. Macron est de faire de la France une nation « plus indépendante et plus souveraine », dans un contexte de crise marqué notamment par le conflit russo-ukrainien et la pandémie de la COVID-19. Le président prévoit à cet effet une hausse du budget des armées de 40,9 milliards d’euros actuellement à 50 milliards en 2025 pour, selon lui, « pouvoir affronter une guerre de haute intensité qui peut revenir » sur le continent européen.
Des investissements importants sont également prévus pour une indépendance agricole à travers l’accompagnement et formation des jeunes exploitants agricoles, une indépendance industrielle avec un plan d’investissement de 30 milliards d’euros dans « les secteurs d’avenir » comme les semi-conducteurs, le quantique, le cloud ainsi que l’intelligence artificielle.
Enfin une indépendance énergétique pour sortir la France de la dépendance « au gaz, au pétrole et au charbon », a dit M. Macron. Pour y parvenir, il a annoncé, dans son programme dédié à ce second quinquennat, investir dans la construction de six réacteurs nucléaires de type EPR2 (la construction de huit EPR de plus mise à l’étude) et celle de 50 parcs éoliens en mer d’ici à 2050.
Ce nouveau mandant s’inscrira dans la continuité en matière de politique étrangère. M. Macron a affirmé son ancrage dans l’UE et a fait du second tour un « référendum sur l’Europe », en opposition à Marine Le pen qu’il accuse de vouloir sortir de l’UE. Il plaide cependant en faveur d’une réforme de l’espace Schengen, pour lui donner les moyens « de mieux protéger ses frontières extérieures » avec plus de forces communes et des coopérations entre les Etats membres. « Nous devons accélérer nos procédures, notre ennemi, c’est la lenteur », a-t-il déclaré lors d’un meeting à Strasbourg.
M. Macron a également défendu le maintien de la France dans l’OTAN, alors que la majorité des candidats à la présidentielle ont souhaité sortir du commandement intégré de l’Alliance. Il a déclaré dans les médias que le conflit en Ukraine « redonne une clarification stratégique à l’OTAN en la ramenant aux conflictualités de ses origines ».