Cette décision survient après qu’une enquête a été ouverte en juin par le parquet de la Cour suprême. Celle-ci cherche à établir si l’ancien monarque s’est rendu coupable de corruption.
L’ex-roi Juan Carlos, 82 ans, a décidé de quitter l’Espagne. C’est ce qui est écrit dans une lettre adressé à son fils, le roi Felipe VI, qui l’a acceptée, rapporte l’AFP.
« Guidé (…) par la conviction de rendre le meilleur service aux Espagnols, à leurs institutions, et à toi en tant que Roi, je t’informe de ma décision réfléchie de m’exiler, en cette période, en dehors de l’Espagne », a écrit l’ancien roi d’Espagne dans communiqué publié par la Maison Royale.
Résolu à l’exil
Honoré pour avoir mené la transition de la dictature de Franco à la démocratie, l’ancien monarque s’est résolu à l’exil. Cette décision survient après qu’une enquête a été ouverte en juin par le parquet de la Cour suprême.
Celle-ci cherche à établir si Juan Carlos s’est rendu coupable de corruption. Notamment en recevant de l’Arabie saoudite une énorme commission lors de l’attribution de la construction d’un TGV entre La Mecque et Médine à un consortium d’entreprises espagnoles.
En juillet, le chef du gouvernement Pedro Sanchez s’était dit « troublé » par ces « informations inquiétantes ». Dans un communiqué, l’exécutif a exprimé lundi son « respect » vis-à-vis de cette décision.
Pablo Iglesias dénonce une « fuite »
L’avocat de l’ancien roi, Javier Sanchez-Junco, a précisé dans un communiqué que Juan Carlos ne cherchait pas à échapper à la justice en s’exilant. Mais restait à la disposition du parquet.
Malgré cela, le vice-président du gouvernement Pablo Iglesias a dénoncé une « fuite ». Une fuite dont le chef du parti anti-monarchiste Podemos juge « indigne d’un ex-chef d’État ».
« C’est un moment critique pour le régime instauré en 1978 parce que son grand artificier finit par abandonner le pays face aux accusations de corruption avec l’approbation d’une bonne partie de la classe politique, et dans un moment particulièrement difficile pour les institutions espagnoles », analyse pour sa part Raimundo Viejo Biñas. C’est un politologue à l’Université de Barcelone et ancien député du parti Podemos.
« Il s’agit d’un moment-clef qui aura des répercussions à long terme. Je ne sais pas si, à partir du choc provoqué par ce départ de Juan Carlos, on peut imaginer que le roi Felipe saisira l’occasion pour présenter une loi pour contrôler la Maison royale laquelle Maison royale continue de bénéficier d’une grande marge de manœuvre en dehors de tout contrôle. » A-t-il renchérit.