Une peine plus que sévère alors rien n’a pu démontrer que ces personnes sont les auteurs de ces jets de pierres.
La justice du plus fort. Accusés d’avoir jeté des pierres sur le cortège présidentiel, trois jeunes Burundais ont été condamnés à 30 ans de réclusion. Les prévenus, deux hommes et une femme, ont été condamnés dimanche.
La loi du plus fort
C’était lors d’un procès de flagrance au tribunal de grande instance de Kayanza dans le nord du Burundi. Une peine plus que sévère alors rien n’a pu démontrer que ces personnes sont les auteurs de ces jets de pierres, nous apprend RFI.
Les faits se sont déroulés la semaine dernière, à proximité d’un marché très fréquenté. Ce qui voudrait dire que les pierres auraient pu provenir de plusieurs directions selon notre source. Au départ, cinq personnes avaient été arrêtées dans cette affaire. Mais deux autres ont par la suite été relâchées.
La procureure avait requis 7,5 ans de prison
Les prévenus, durant leur procès, ont plaidé non coupables et ils n’ont pu compter que sur eux-mêmes pour se défendre. Aucun avocat ne leur a été commis d’office, selon RFI.
Une source judiciaire pense que la cour aurait subi des pressions politiques pour re-qualifier les faits d’« attentat et complot contre le chef de l’État ». Pourtant la procureure avait requis 7,5 ans de prison.
Janvier Bigirimana est avocat et secrétaire général du Forum pour la conscience et le développement (Focode). Pour lui, cette condamnation est une parodie de justice. Il dénonce des vices de procédures et le manque d’éléments pour incriminer les condamnés.
« Les éléments constitutifs d’une infraction ne sont pas établis. Il n’y a pas d’éléments matériels. C’est un scandale parce que nous pensons qu’il n’y a personne qui a l’intention d’attenter au chef de l’État […] Curieusement, le juge de fond les a condamnés à 30 ans de prison. Nous pensons que les injonctions de l’exécutif ont prévalu sur la justice. »
Le président Évariste Ndayishimiye, figure clé du parti au pouvoir, a été élu président le 20 mai et a pris ses fonctions peu après la mort soudaine de son prédécesseur Pierre Nkurunziza. La communauté internationale espérait un assouplissement du régime mais la nomination d’un gouvernement largement composé de tenants de la ligne dure a montré qu’il s’inscrivait dans les pas de son prédécesseur.