Leur entrée en fonction est une manière pour le chef de l’Etat, de répondre aux revendications des avocats des régions anglophones du pays.
En début de semaine, le président de la République du Cameroun a signé une série de nominations au sein de la magistrature. Parmi les faits notables, l’entrée en fonction d’une trentaine d’auditeurs de justice anglophones formés à la « Common Law ».
Ces auditeurs de justice, même s’ils n’ont aucun pouvoir de décision, ont pour rôle de conseiller. Mais aussi assister les juges francophones qui ne maîtrisent ni l’anglais ni la Common Law.
Une évolution mais pas une révolution
Félix Agbor Balla est avocat et l’un des leaders anglophones à l’origine du mouvement de protestation. Il affirme que ces nominations est une évolution mais pas une révolution. « Pour l’essentiel, ces auditeurs seront là pour conseiller et assister les juges. Car nous avons des juridictions où juges francophones qui ne comprennent pas le fonctionnement de la Common Low. C’est quelque chose dont nous nous plaignions dont le président réagit à l’une de nos revendications. Mais ce ne sont pas des auditeurs qui vont rendre les décisions. Donc je ne crois pas que cette mesure suscite beaucoup d’euphorie ni que cela va changer la donne. L’impact sera minimal », explique-t-il.
« Ces auditeurs ne sont pas nombreux et le judiciaire reste sous le contrôle de l’exécutif. Le Haut Conseil de la magistrature est un organe politique dirigé par le président. Certains juges pourraient accepter d’être conseillers et c’est bien mais pour les dossiers sensibles où l’intérêt de l’État sera en jeu, rien en changera », prédit l’avocat.
Une femme à la présidence du tribunal criminel spécial
S’agissant des juges, le Haut Conseil qui s’est tenu lundi 10 août a permis de remplacer de nombreux départs en retraites. Sans pour autant modifier la répartition toujours contestée entre anglophones et francophones.
Il faut, cependant, noter l’arrivée d’une femme Annie Noelle Bahounoui Batenda à la présidence du tribunal criminel spécial. C’est ce tribunal qui a la charge de l’opération Épervier, une opération anti-corruption qui a fait tomber de nombreuses têtes au sein de la classe politique. Et de la haute administration depuis son lancement en 2006.
Notons que l’entrée en fonction de ces auditeurs de justice anglophones est une manière de répondre aux revendications des avocats des régions anglophones du pays. Ils se plaignent depuis quelques temps, de voir encore trop souvent à leur goût le droit francophone primer dans leurs juridictions.