Ce vendredi, ils ont manifesté pour contester une mesure de prêt à taux zéro pour leur venir en aide qui sera opérationnelle lundi 17 août.
Le vendredi 14 août 2020, des syndicats et des employés du secteur privé malgache se sont rassemblés devant le siège de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNAPS). Ils étaient venus dans le centre de la capitale pour contester une mesure de prêt à taux zéro pour leur venir en aide qui sera opérationnelle lundi 17 août.
Une mesure qui précarise les travailleurs
Selon les manifestants, cette mesure adoptée en conseil des ministres mercredi, ne fait qu’affaiblir un peu plus des travailleurs sans salaire depuis plusieurs mois déjà.
Devant le siège de la CNAPS, les syndicats déposent leur pétition réclamant des aides financières pour les salariés du privé plutôt qu’un prêt. Elle a reçu 10 000 signatures de travailleurs. Parmi eux, Marcel, 40 ans. Cet agent de sécurité, qui est au chômage technique depuis deux mois, gagne habituellement 200 000 ariary (45 euros) par mois. Soit l’équivalent du salaire minimum.
« On n’a plus d’argent, plus rien. J’ai déjà beaucoup de dettes à la banque et je ne sais même pas comment je vais les rembourser. Donc je suis contre ce prêt pour les salariés. J’ai vendu tout ce que je possédais pour essayer de m’en sortir. Je n’ai pratiquement plus rien à la maison. Chaque jour, notre pauvreté s’accentue. Il faut que l’État nous aide parce que déjà en temps normal nos salaires ne sont pas suffisants pour faire vivre nos familles, alors imaginez notre situation aujourd’hui », se désole-t-il au micro de RFI.
Un système de protection sociale à revoir
Dans l’archipel, le système de protection sociale ne prévoit pas d’indemnité de chômage. Les travailleurs cotisent pour leur retraite, les allocations familiales et les accidents du travail. Par conséquent, la CNAPS ne peut donc pas soutenir directement les salariés en cas de chômage, explique cette dernière.
Un argument que Léontine Mbolanomena rejette. Selon la secrétaire générale de l’Union des syndicats autonomes de Madagascar, « la CNAPS fait des investissements qui lui rapportent des bénéfices qu’elle peut nous distribuer. À nous travailleurs, comme aides sociales et non pas comme emprunt », soutient-elle.
Deuxièmement, explique la syndicaliste, l’État malgache a déjà donné des subventions à toutes les catégories de personnes. Ne reste que les travailleurs du secteur privé.
« Ils n’ont pas été considérés au niveau de leur quartier comme des gens vulnérables donc ils n’ont pas reçu les aides sociales distribuées par l’État aux ménages les plus précaires. Enfin, le Premier ministre, lors de l’une de ces interventions à la télévision nationale, a expliqué que des fonds alloués à la lutte contre le Covid-19 ont servi a payé les salaires des fonctionnaires. Actuellement nous sommes en situation d’exception. Pourquoi l’État ne pourrait-il pas prendre une mesure exceptionnelle en faveur des employés du privé ? Pourquoi endetter encore les travailleurs qui sont déjà très endettés ? » S’interroge Léontine Mbolanomena.