Le président de la République du Mali a été contraint à la démission après 7 ans à la tête du pays. L’ancien Premier ministre essuie beaucoup de critiques, notamment durant son premier mandat.
Au pouvoir depuis le 04 septembre 2013, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) est contraint à la démission le 18 août 2020. Soit après 7 de règne. Il quitte son poste suite à son arrestation lors d’un coup d’État militaire orchestré par trois hommes : le colonel Malick Diaw, le Chef d’état-major de la 3ème Région militaire de Kati et le colonel Sadio Camara, ex-directeur du Prytanée militaire de Kati.
Instabilité gouvernementale
A la tête du pays, le chef de l’Etat essuie beaucoup de critiques, notamment durant son premier mandat. En 2018, la paix qu’il avait promue est restée une chimère alors que des djihadistes continuent de sévir.
Sur le plan social, le pays souffre encore d’un chômage inquantifiable, d’une forte pauvreté et d’un système éducatif précaire. L’OCDE estime qu’un tiers des jeunes sont illettrés. En revanche la croissance économique est de 5 %, l’inflation basse, la situation budgétaire stable et la production de coton est repartie.
Sa présidence d’IBK a également connu une importante instabilité gouvernementale : cinq Premiers ministres et sept remaniements en cinq ans ainsi que des affaires de corruption et de népotisme.
Des élections législatives contestées
Candidat à la présidentielle de 2018, Ibrahim Boubacar Keïta arrive en tête avec 41,4 % des voix, contre 17,8 % pour Soumaïla Cissé. Ces résultats officiels du premier tour font l’objet d’une contestation pour fraudes de la part de 18 candidats.
À l’issue du second tour, le désormais ex-président de la République est réélu avec 67,2 % des suffrages. Des résultats que l’opposition conteste contrairement à l’Union européenne qui dit n’avoir pas constaté de fraude au second tour.
Malgré l’enlèvement de plusieurs agents électoraux et observateurs par un groupe djihadiste, etc. le chef de l’Etat décide, contre l’avis de son opposition, de maintenir les élections législatives à la date 19 avril 2020.
Parcours académique et professionnel
A la fin, la Cour constitutionnelle révise à la hausse les résultats du scrutin en faveur du parti du président. Conséquence, des manifestations ont aussi lieu chaque vendredi pour réclamer la démission du chef de l’État. A cela s’ajoutent une grève des enseignants, un appauvrissement du pays, à de sanglants conflits ethniques entre Peuls et Dogons…
Né le 29 janvier 1945 à Koutiala, IBK quitte son pays natal à l’âge de 13 ans pour rejoindre la France. Il y fait ses études secondaires au lycée Janson-de-Sailly à Paris. Puis au lycée Askia-Mohamed de Bamako. Il étudie à la faculté des lettres de l’université de Dakar ensuite à l’université Panthéon-Sorbonne. Ainsi qu’à l’Institut d’histoire des relations internationales contemporaines (IHRIC), rattaché auprès de la même université.
Titulaire d’un diplôme d’études approfondies en politique et relations internationales, Ibrahim Boubacar Keita est chargé de recherche au CNRS. Il enseigne les systèmes politiques du tiers monde au centre Pierre-Mendès-France.
De retour au Mali, il devient en novembre 1993, ministre des Affaires étrangères, des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine. Quelques mois plus tard, le président Alpha Oumar Konaré le nomme Premier ministre. Il occupe cette fonction jusqu’en février 2000.
IBK l est militant de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adéma-PASJ). Après la chute du dictateur Moussa Traoré en 1991, il est le directeur adjoint de la campagne d’Alpha Oumar Konaré pour l’élection présidentielle. Après son élection, le nouveau président le nomme en juin 1992 conseiller diplomatique, porte-parole du président de la République du Mali. En novembre 1992, il est nommé ambassadeur du Mali auprès de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Burkina Faso et du Niger.
À l’approche de l’élection présidentielle de 2002, il quitte alors l’Adéma-PASJ avec ses partisans pour fonder le Rassemblement pour le Mali (RPM), formation qu’il préside depuis juin 2001.