L’organisation a très vite fait de condamner le coup d’Etat perpétré au Mali. En plus de réclamer le rétablissement du président déchu dans ses fonctions de président de la République. Une posture qui, selon certains observateurs viserait à décourager d’autres pays aux ambitions similaires.
Bien avant la démission forcée d’Ibrahim Boubacar Keita, la Cédéao avait déjà pris la parole pour condamner le coup d’Etat au Mali. En plus l’organisation à réclamer, au terme d’une visioconférence ce jeudi, le rétablissement du président déchu dans ses fonctions de président de la République.
A ces paroles s’ajoutent des actes concrets. Notamment l’envoi imminent d’une délégation à Bamako et la suspension du Mali de tous ses organes de décision. Une série de mesures qui traduisent le respect des statuts de l’organisation. Pas seulement.
Un effet de contagion de la contestation
Seidik Abba est journaliste-écrivain et spécialiste de l’Afrique de l’ouest. Il estime que cette attitude de la Cédéao montre en effet la crainte d’un effet de contagion de la contestation.
« Il y a une situation préélectorale compliquée en Guinée, il y a en Côte d’Ivoire des tensions préélectorales aussi, il y a au Niger une situation sécuritaire grave. Donc il y a des situations de tensions dans la sous- région et la Cédéao en agissant de la sorte voulait décourager toutes ces velléités qui peuvent surgir dans les autres pays. » Explique-t-il.
Contrairement à Seidik Abba, Mélégué Traoré, un ancien président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso ne croit pas à un effet de contagion. La situation malienne est très particulière, estime-t-il.
« Non, je ne crois pas que ça aura un effet immédiat sur le Burkina Faso. Je ne crois pas, c’est très malien ce qui s’est passé. Je crois que ni au Burkina Faso ni au Niger, qui sont les deux pays voisins (ndlr du Mali), cela aura des répercussions », garantit Mélégué Traoré.
Un retour rapide à l’ordre constitutionnel
Quelles que soient les mesures qui seront prises, elles doivent l’être dans la perspective d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel, a précisé le président nigérien Mahamadou Issoufou. Il est en outre le président en exercice de la Cédéao.
Chercheur sur l’Afrique de l’ouest à l’Institut d’études de sécurité de Pretoria, Ibrahima Kane, aborde dans le même sens. Il estime que l’image de cette institution dépendra de la façon dont elle va renouer le dialogue avec le peuple malien.
« Cette visite doit leur donner l’occasion de réparer, entre guillemets, le mal, et de montrer aux Maliens que la Cédéao est là pour aider notre région à évoluer vers une démocratie réelle », pense l’expert, commentant ainsi l’annonce de l’arrivée prochaine à Bamako d’une délégation de la Cédéao.
A quoi servirait un retour à l’ordre constitutionnel pour un président vomi par l’armée et le peuple, un président qui a été arrêté sans un coup de feu de sa garde, etc? Il n’aura plus d’autorité du tout!