Jusqu’à tard dans la nuit du 18 août 2020, des tricycles ont été utilisés pour charger tout ce que les voleurs avaient dérobé dans la villa de Kassoum Tapo. L’ex-ministre n’est pas la seule victime.
Le 18 août 2020, un coup d’État est perpétré par les forces armées au Mali. Un putsch qui a abouti au départ forcé d’Ibrahim Boubacar Keïta, au pouvoir depuis 2013. Si ce soulèvement armé a permis aux militaires putschistes de prendre les commandes du pays, il fut également une occasion pour certains Maliens de se remplir les poches.
Des villas appartenant aux soutiens d’IBK pillés
Dès les premières heures du coup d’État, les maisons de plusieurs personnalités proches de l’ancien président, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), ont été pillées. Parmi les villas ciblées, celle de l’homme politique Kassoum Tapo.
Selon Jeune Afrique, ce jour il est environ 16h30 lorsque deux pick-up des forces de sécurité se garent devant le portail de la splendide villa de Kassoum Tapo. Une patrouille mixte composée de policiers, gendarmes et militaires sortent des véhicules. Ils tirent des coups de feu en l’air, puis pénètrent dans la propriété de l’ex-ministre.
« Ils ont cassé les portes et sont entrés chez moi. Les gens les ont vus sortir avec beaucoup de choses. En partant, ils ont appelé les badauds et leur ont dit de rentrer », affirme Kassoum Tapo à Jeune Afrique.
Les traces de l’incursion visibles
La foule augmente rapidement. Des gens appelés par d’autres arrivent des quartiers voisins se joignant aux pillards. « Comme ils avaient appris que mon immeuble de Bamako Coura avait été détruit et pillé, ils s’en sont donné à cœur joie », confie l’ex-ministre depuis son jardin désormais en ruine.
Les traces de l’incursion sont partout visibles. « Ils ont emporté tous les meubles que j’avais dans les salons et la salle à manger : tables, chaises, frigos, congélateurs, télés, les composants du groupe électrogène… Ils sont même montés sur le toit pour prendre les moteurs de la climatisation ! », poursuit Kassoum Tapo.
Jusqu’à tard dans la nuit du 18 août, des minibus sotramas et des tricycles ont été utilisés pour charger tout ce que les voleurs avaient dérobé. La mise à sac prendra fin avec l’intervention de la Force spéciale antiterroriste (Forsat) qui a dispersé les pillards à coup de fumigènes.
La jeunesse du M5-RFP
« J’ai été pris pour cible en tant que ministre de la Justice, c’est tout ! J’avais dit que ceux qui casseraient seraient arrêtés, et certains l’ont été puis ont été jugés. J’ai simplement essayé de faire respecter la loi, mais des leaders du M5 n’ont cessé de m’attaquer depuis que j’ai été nommé », dénonce l’ancien ministre.
A cause de ces attaques ciblées depuis le putsch, ceux qui soutiennent encore IBK se font discrets. Par peur d’être visés par la jeunesse du M5-RFP, soupçonnée de vouloir étouffer tout mouvement de soutien à l’ex-président. Bien que, samedi 22 août, ils étaient plus d’une centaine à se rassembler sur l’esplanade pour exprimer leur refus du coup d’État.