En avril dernier, le ministère de la Justice a indiqué que sur 73.000 prisonniers au Nigeria, 52.000 attendent un procès. Soit 70% des détenus du pays.
Junior et son ami Prosper sont de vieux amis. En 2014, tout bascule dans leur vie. Ils étaient dans leur chambre louée dans un quartier pauvre de Lagos, lorsque la police a débarqué. Prisonniers depuis lors, aucun d’entre eux n’a comparu à ce jour et personne ne sait s’ils sont innocents ou coupables.
Un exemple parmi tant d’autres
Ce jour, les policiers recherchaient le propriétaire de leur chambre, accusé d’être impliqué dans une affaire de vol de voiture. A défaut de mettre la main sur lui, ce sont les deux garçons de 21 ans qui ont été arrêtés.
« La police a réclamé une caution de cinq millions de nairas (environ 13.500 dollars), ils n’ont pas cet argent », raconte Hassana Nurudeen. C’est une amie du quartier qui dénonce cette injustice sur les réseaux sociaux. « Cela fait six ans qu’ils vivent derrière les barreaux d’une prison de Lagos, leur vie est gâchée », se décourage-t-elle.
La situation que vivent Prosper et Junior n’est pas isolée. Ils sont des dizaines de milliers d’autres Nigérians emprisonnés depuis des années. Voire des décennies, sans avoir jamais été condamnés. En avril dernier, le ministère de la Justice a indiqué que sur 73.000 prisonniers au Nigeria, 52.000 attendent un procès. Soit 70% des détenus du pays.
Surpopulation carcérale
Avec la crise sanitaire de la Covid-19, la surpopulation carcérale est devenue un problème urgent. En avril la présidence nigériane à demander des « procès rapides pour décongestionner les prisons ».
Dans le même sens, le ministère de la Justice a ordonné aux tribunaux de « s’équiper d’une connexion internet rapide et fiable » pour des « audiences virtuelles. » Mais ce dispositif est compliqué à mettre en place à cause des coupures d’électricité. Plusieurs Etats nigérians ont également pris des mesures d’amnistie pour les détenus les plus âgés et à la santé fragile.