Le gynécologue dit être en insécurité depuis qu’il a dénoncé un nouveau massacre de civils dans la province orientale du Sud-Kivu.
Le prix Nobel de la Paix 2018, le Congolais Denis Mukwege, se retrouve au centre d’une querelle diplomatique entre son pays et le Rwanda. Et pour cause, vendredi à Kinshasa, les forces de sécurité ont éparpillé un rassemblement de militants demandant l’arrêt des menaces à l’encontre du Dr Denis Mukwege.
Un massacre attribué aux Congolais tutsis
« Touche pas au Prix Nobel », pouvait-on lire sur un panneau tenu par un manifestant. Connu pour sa défense des femmes violées, le gynécologue dit être en insécurité depuis qu’il a dénoncé un nouveau massacre de civils dans sa province orientale du Sud-Kivu. C’est à la frontière du Rwanda.
Ce massacre a été attribué à des Congolais tutsis rwandophones en conflit avec d’autres communautés congolaises. De nombreux Congolais croient que les milices Banyamulenge sont appuyées par le Rwanda pour contrôler l’Est de la RDC. Des accusations que Kigali nie.
« Ce sont les mêmes qui continuent à tuer en RDC (…) dans la droite ligne des massacres qui frappent la RDC depuis 1996 », a fustigé en juillet dernier M. Mukwege.
Poursuivre les auteurs des massacres
Le médecin demande l’établissement d’une juridiction internationale pour poursuivre les auteurs des massacres commis dans l’Est de la RDC. Il s’appuie sur un rapport des Nations unies de 2010, farouchement critiqué par le Rwanda. Cette enquête documente « 617 incidents violents commis entre 1993 et 2003 ».
« Certains actes pourraient même être constitutifs de crimes de génocide, s’ils étaient portés à la connaissance d’un tribunal compétent », a-t-il ajouté. Citant les conclusions du rapport.
En 1994, Paul Kagame et ses troupes avaient mis un terme au génocide d’au moins 800.000 personnes appartenant à la minorité tutsie. En délogeant du pouvoir du Rwanda le régime extrémiste hutu.
Entre 1996 et 1998, l’armée de Paul Kagame a traqué des centaines de milliers de Hutus réfugiés en RDC. En supportant la rébellion congolaise de Laurent-Désiré Kabila contre le vieux dictateur Mobutu Sese Seko.
Le Rwanda contre-attaque
« Les attaques systématiques et généralisées » de l’armée rwandaise au sein de la rébellion congolaise contre les Hutus en RDC « pourraient être qualifiées de crimes de génocide ». Peut-on dans le rapport défendu par le Dr Mukwege.
Il y a 10 ans, le Rwanda avait dénoncé le rapport des Nations unies comme une tentative de « réécrire l’Histoire ». En plus de « répartir de façon inappropriée la responsabilité du génocide qui a eu lieu au Rwanda ».
« Pour que justice soit rendue, il faudrait (…) une coopération judiciaire très efficace avec tous les pays impliqués, notamment l’Ouganda, le Burundi et le Rwanda, ce qui n’existe pas encore », a déploré le Dr Mukwege.