La Commission nationale nigérienne des droits de l’homme l’atteste dans un rapport de 500 pages publié vendredi 4 septembre. Des équipes de la CNDH ont retrouvé six fosses communes dans lesquelles 71 victimes ont été enterrées
La Commission nationale nigérienne des droits humains (CNDH) a publié vendredi 4 septembre le rapport de sa mission d’enquête sur les meurtres de 102 personnes dans la zone d’Inates, près de la frontière malienne. Les équipes de la CNDH ont retrouvé six fosses communes dans lesquelles 71 victimes ont été enterrées. Selon le rapport, les auteurs seraient des « soldats incontrôlés » de l’armée nigérienne. Des soldats sont donc mis en cause mais pas la hiérarchie et l’institution militaire. Les enquêteurs de la CNDH demandent justice et réparation.
500 pages pour démontrer les faits
Le document de 500 pages accuse des éléments « incontrôlés » de l’armée d’avoir commis des crimes en exécutant sommairement 102 personnes dans la zone d’Inates. « Dans l’ensemble des six fosses communes dont on a procédé à l’exhumation des corps, ils avaient tous les mains attachées dans le dos, avec des impacts de balles », a expliqué Alichin Amadou, le secrétaire général de la CNDH. Le médecin légiste et les officiers de la police judiciaire accompagnant les équipes de la CNDH ont certifié les faits. Pour le président de la Commission, le professeur Khalid Ikhiri, il faut sévir. « Il faudrait extirper ceux qui comprennent mal la tenue des armes, a-t-il déclaré. Il faut l’orienter du côté de l’ennemi et non pas du côté de celui qui est censé être protégé. »
Les groupes jihadistes épargnés
Les jihadistes qui agissent dans la zone sont mis hors de cause par les enquêteurs. La juridiction de Tillabéri a déjà été saisie. Le procureur a ouvert une enquête. Et une copie unique du rapport a été remise au président Mahamadou Issoufou. Moussa Tchangari, figure de la société civile et secrétaire général de l’association Alternative espace citoyens, se félicite que grâce à ce rapport, « un tabou ait été levée ». Et réclame des sanctions administratives et judiciaires contre les militaires mis en cause.