Les régions de Mopti dans le centre du Mali et de Tombouctou souhaitent un militaire pour diriger la transition. Tandis que la ville de Gao, opte pour un civil comme président de l’organe transitoire.
La Cédéao a donné jusqu’au 15 septembre aux auteurs du coup d’état malien pour remettre le pouvoir aux civils. C’est-à-dire avec un président et un Premier ministre civils en vue de la transition. Cet ultimatum, qui intervient 72 heures avant les concertations nationales sur la transition, passa mal.
« La Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) est dans son rôle de prédation politique. La Cédéao ayant perdu le monopole de la guerre au Mali pense pouvoir se rattraper en insistant sur un choix civil. La Cédéao a son civil, mais pas le civil malien. Ce ne sera pas le choix de la Cédéao qui sera respecté au Mali. Nous, nous sommes dans une logique de refondation de notre pays. Le fait de dire qu’il faut un civil pour diriger la transition est une façon de nous faire revenir en arrière et de faire comme en 2012 », pense Selon Aboubacar Sidiki Fomba, président du parti ADPM (Alliance Démocratique du Peuple Malien). Il est interrogé par la Deutsche Welle.
Civil ou militaire : le dilemme
Le profil de la personnalité qui doit diriger la transition divise dans le pays. A la fin des réunions préparatoires tenues ce week-end, les régions de Mopti dans le centre du Mali et de Tombouctou dans le nord, ont porté leur choix sur un militaire pour diriger la transition.
En revanche, la ville de Gao, toujours dans le nord, souhaite un civil comme président de l’organe transitoire. Abdoulaye Guindo est un journaliste-blogeur et coordinateur de la plateforme Benbere.
La menace de la Cédéao
« Les décisions peuvent effectivement influencer les concertations qui s’ouvrent le 10 septembre dans la mesure où cet ultimatum sera suivi des sanctions plus aggravées si la junte (CNSP) ne confie pas le pouvoir à un civil. Donc de peur de subir les conséquences de cette sanction de la Cédéao, certaines personnes vont pouvoir peut-être se rétracter ou du moins vont proposer qu’un civil soit à la tête de la transition », explique-t-il.
Boubacar Salif Traoré, directeur de Afriglob Conseil et spécialiste du Sahel, va dans le même sens. « Je suis surpris par cette réaction, car des concertations sont en cours. C’est aux Maliens de décider de la forme que devra prendre la transition », soutient le chercheur.